Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du mercredi 2 février 2022 à 15h00
Évaluation de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

J'entends également revenir sur la réforme de l'assurance chômage, qui représente pour nous un grand sujet de divergence avec la majorité. Même si vous avez renoncé à une série de mesures qui figuraient dans les engagements de campagne du Président de la République, plusieurs questions demeurent. Tout d'abord – c'est un point qui nous paraît important –, vous avez renoncé à construire cette réforme avec les partenaires sociaux puisque, pour la première fois depuis quarante ans, elle a été décidée sans eux. Ensuite, vous avez annoncé ouvrir des droits à l'assurance chômage aux salariés qui démissionnent. Mais les chiffres sont têtus : en deux ans, cette disposition n'a bénéficié qu'à 14 000 personnes ; vous conviendrez que ce n'est pas beaucoup. Par ailleurs, seuls 911 travailleurs indépendants ont pu bénéficier de l'allocation forfaitaire qui leur a été réservée. Rapportés au nombre total de salariés – qui certes ne démissionnent pas tous – et de travailleurs indépendants, ces chiffres sont très faibles.

Enfin, les nouvelles règles d'indemnisation pénaliseront de nombreux salariés. Madame la ministre, je pense, comme vous, qu'il faut soutenir et encourager la reprise du travail, faire en sorte que le travail paie plus que le chômage et bien sûr pourvoir les postes vacants, mais il est important de maintenir un juste équilibre. Avant votre réforme, il suffisait d'avoir travaillé quatre des vingt-huit derniers mois pour être indemnisé par l'assurance chômage. Désormais, il faut avoir travaillé six mois. De plus, le nouveau mode de calcul de l'allocation chômage fera de nombreux perdants, notamment parmi les jeunes. D'après les projections de l'UNEDIC, 1,15 million de personnes sur les 2,8 millions qui ouvriront un droit au chômage entre juillet 2021 et juin 2022 seront moins bien indemnisées du fait de cette réforme.

Madame la ministre, mes interrogations portent sur le sort de ces personnes qui seront moins bien indemnisées et sur le financement de France compétences, qui, j'y insiste, met en jeu plusieurs milliards d'euros.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.