Intervention de David Lorion

Séance en hémicycle du mercredi 2 février 2022 à 15h00
Évolution de la santé psychique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavid Lorion :

La pandémie du Covid a jeté une lumière crue sur les défaillances de notre système de santé mentale. L'insécurité sanitaire, l'isolement social pendant les périodes de confinement, le stress de la maladie et les ruptures dans le parcours de soins, ainsi qu'une surmédiatisation anxiogène ont eu pour conséquence une recrudescence des décompensations chez les patients chroniques et une accélération des primo-hospitalisations, notamment chez les jeunes, du fait d'anorexies, d'addictions, de tentatives de suicide etc.

Dans mon département insulaire de La Réunion, qui compte 865 000 habitants, soit la population de Marseille, la santé mentale reste un secteur à l'abandon, avec des dotations annuelles inférieures de 30 % à la moyenne nationale, donc très largement inférieures aux besoins. Je l'avais déjà signalé en septembre 2019 dans un rapport parlementaire consacré au budget du CHU (centre hospitalier universitaire). L'augmentation des hospitalisations et la faiblesse du budget sont le terreau d'une situation critique.

Dans le secteur public, l'offre de soins en santé mentale comporte – pour 865 000 habitants – seulement 138 lits répartis entre deux acteurs publics : l'établissement public de santé mentale de La Réunion – EPSMR – d'une part, avec 75 lits d'hospitalisation pour le nord et l'ouest de l'île, et le CHU Sud d'autre part, avec 63 lits seulement pour les deux tiers de la population de La Réunion. Nous souffrons donc d'un manque chronique de lits d'hospitalisation pour les adultes.

Mais le plus scandaleux est sans doute la faiblesse du nombre de lits d'hospitalisation pour les enfants et les adolescents : il n'y a, à ce jour, que 14 lits publics d'hospitalisation, tous situés dans l'unité Vanille, à Saint-Paul, ce qui est évidemment très insuffisant. Quant au CHU Sud, il ne compte aucun lit d'hospitalisation pour les enfants et les adolescents en décompensation. Ils sont donc accueillis dans l'unité de pédiatrie Oasis, au prix d'une vraie perturbation du fonctionnement de ce service, ou, pire, placés dans des unités fermées où ils côtoient des adultes. En décembre, le chef de service du CHU Sud a donc défendu, avec tous ses collègues, la création d'une unité de pédopsychiatrie. Ce projet très sérieux et que j'ai soutenu n'a malheureusement pas retenu l'attention de notre ARS.

Comment se fait-il que celle-ci n'ait pas répondu sur ce sujet ? Je souhaite que ce projet aboutisse rapidement, avant qu'un drame ne se produise. Pouvez-vous, monsieur le secrétaire d'État, prendre un engagement ferme à ce sujet ?

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