Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du mercredi 2 février 2022 à 15h00
Évolution de la santé psychique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

À l'hôpital Charles-Perrens de Bordeaux, les demandes de prise en charge par l'unité de pédopsychiatrie ont augmenté de 40 % depuis le début de la crise sanitaire ; c'est ce que l'on apprenait dans les journaux il y a quelques jours. Dans tout le pays, les taux de suicide bondissent chez les jeunes ; la santé psychique et mentale des Françaises et des Français empire.

Mais dans le même temps, les établissements de psychiatrie continuent de mourir à petit feu. Faute de psychiatres et d'internes, l'hôpital psychiatrique de Bailleul a ainsi perdu soixante-dix lits l'année dernière. Le docteur Christian Müller, président de la commission médicale d'établissement (CME), l'affirme : ce qui se passe à Bailleul est emblématique de la situation de la psychiatrie au niveau national. Jeudi dernier, douze organisations syndicales du secteur de la psychiatrie donnaient l'alerte au sujet des départs massifs et sans précédent de médecins, et désormais de personnels soignants non médicaux, qui obligent les établissements psychiatriques à fermer des lits, voire des unités entières.

Or votre politique, monsieur le secrétaire d'État, aggrave cet état de fait, tout en aggravant aussi l'état de notre démocratie. Les libertés publiques sont toujours plus bafouées : enfermement de tous les patients à Toulouse, enfermement de tous les patients de l'unité covid à Moisselles, rapports toujours plus accablants de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté…

En janvier 2022, la réforme du financement de la psychiatrie est entrée en vigueur. Le financement mixte prévoit en partie une tarification à l'activité, qui déshumanise la relation soignant-patient. Pour pallier le manque de moyens, toute l'action du ministère, ces dernières années, a visé à transformer à bas coûts la psychiatrie publique en centre de diagnostic et de dépistage, en laissant au privé les soins plus lucratifs. Résultat : l'accompagnement au long cours disparaît, comme le montre la prise en charge de l'autisme, première victime de cette politique.

L'intersyndicale s'interroge dans un communiqué : « Que penserait-on d'une politique de lutte contre le cancer qui miserait en priorité sur la prévention et abandonnerait dans le même temps les patients et les services d'oncologie à leur sort ? » Monsieur le secrétaire d'État, qu'avez-vous à répondre à ces professionnels ?

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