Intervention de Mansour Kamardine

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Influence de la diplomatie française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMansour Kamardine :

À l'occasion du débat de ce jour sur la feuille de route de l'influence de la diplomatie française, nous ne pouvons que constater une inquiétante contestation de notre action en Afrique subsaharienne, en particulier au Sahel, comme en atteste l'annonce, hier, du renvoi brutal de notre ambassadeur au Mali. Pourtant, dans les dix lignes de force de la feuille de route, l'Afrique subsaharienne est clairement affichée comme une zone de priorité géographique ; la lutte contre les manipulations de l'information est inscrite parmi les six priorités stratégiques.

Notre amicale influence et l'affirmation de la part d'africanité de la France semblent rencontrer une forte adversité parmi les peuples du Sahel, comme en attestent la situation au Mali et les manifestations antifrançaises, notamment au Niger, sur fond de manipulation des informations. Notre diplomatie semble de plus en plus souvent surprise par la réalité des situations dans les pays amis d'Afrique subsaharienne, et impuissante à anticiper : pouvoir centrafricain se tournant vers le mercenariat, putsch au Mali, putsch en Guinée, putsch au Burkina Faso. Monsieur le ministre, la feuille de route définie en 2019 semble rencontrer de grandes difficultés pour porter ses fruits : prenons donc garde à ce qu'elle ne se transforme pas en déroute.

Afin de recouvrer une crédibilité, d'éviter que notre influence ne s'effondre comme un château de cartes et de susciter de nouveaux sentiments d'amitié avec les peuples, je prends la liberté de vous faire des suggestions. Tout d'abord, il est urgent de porter un soin particulier à la constitution d'équipes dans nos postes diplomatiques à même d'établir une synthèse des situations proche des réalités du terrain. Deuxièmement, il est incontournable que la France se mette au diapason des aspirations des peuples d'Afrique subsaharienne : à cet égard, il semble que les opinions locales au Burkina Faso réclament davantage de pouvoir. Pouvez-vous nous préciser les initiatives susceptibles d'être entreprises pour les soutenir dans leur volonté de recouvrer la maîtrise de leur territoire et de reconstruire l'État ?

Monsieur le ministre, selon les enseignements de Nelson Mandela et de Kwame Nkrumah, ce qui se fait dans le peuple sans le peuple se fait contre les peuples. Ne faisons pas pour les peuples, mais aidons-les à réaliser les destins qu'ils se donnent : être au diapason des peuples et les accompagner dans la voie qu'ils choisissent, telle doit être notre feuille de route.

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