Intervention de Alain David

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 15h00
Influence de la diplomatie française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David :

J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet en commission des affaires étrangères ou en séance, lors de l'examen des crédits budgétaires consacrés à notre action extérieure et à notre diplomatie : l'influence d'un pays comme le nôtre, le fameux soft power, repose sur un cocktail d'ingrédients variés. Je citerai la tradition d'excellence de notre diplomatie, la qualité de notre réseau consulaire, la réputation culturelle de notre pays ou son attractivité touristique. Je citerai également des outils qui me tiennent à cœur, notamment notre audiovisuel extérieur – France 24, Radio France internationale (RFI), Monte Carlo Doualiya, composant France Médias Monde, ou TV5 Monde. Avec des millions de téléspectateurs, d'auditeurs et d'internautes, ces acteurs assurent la diffusion de la culture francophone et le rayonnement de la France et de nos valeurs démocratiques sur les cinq continents.

Vous m'autoriserez à penser, mes chers collègues, que cette reconnaissance vient saluer également une certaine constance et l'approche multilatérale de nos différents ministres des affaires étrangères – vous, monsieur le ministre, mais aussi vos prédécesseurs –, reconnaissance qui avait culminé avec la réussite de la COP21 à Paris.

Pour que cette influence française perdure, il faut effectuer les bons choix diplomatiques sur les sujets brûlants qui occupent les unes de la presse, mais également sur des sujets qui suscitent hélas moins d'attention. Je pense à la crise en Ukraine, qui impose que la France, présidente en exercice du Conseil de l'Union européenne, joue pleinement son rôle pour prévenir un embrasement. Je pense évidemment aux tensions dans la zone indo-pacifique, mais également à la situation en Birmanie, qui me tient particulièrement à cœur. Enfin, j'évoquerai bien sûr l'actualité la plus récente et le renvoi inacceptable de notre ambassadeur au Mali, qui en dit long sur l'impasse dans laquelle nous nous trouvons au Sahel.

La junte malienne a décidé d'expulser notre ambassadeur à Bamako : Joël Meyer a été sommé lundi de quitter le pays sous 72 heures. Les autorités maliennes ont justifié cette décision par de prétendues déclarations « hostiles » de responsables français à leur encontre. Cet épisode vient tristement compléter une série d'incidents contre nos militaires de la force Barkhane, qui font l'objet d'une hostilité croissante des populations civiles. Cela s'est traduit également par les récentes manifestations au Burkina Faso et l'apparition impromptue dans celles-ci de drapeaux russes qui en disent long sur la nouvelle influence de la Russie dans la région, notamment par l'intermédiaire de la société Wagner.

La semaine dernière, lors des questions d'actualité, j'ai alerté sur la situation en Ukraine et aux frontières orientales de l'Europe. Les troupes russes restent massées à la frontière et la guerre hybride des hackers désorganise l'économie et les services ukrainiens. Depuis 2014 et le déclenchement des velléités séparatistes au Donbass, l'Europe et la France se sont engagées avec constance en faveur de l'apaisement et du cessez-le-feu. Le président Hollande et la chancelière Merkel avaient été en première ligne en février 2015 pour négocier l'accord de Minsk II, qui avait permis un relatif statu quo malgré des épisodes funestes comme la destruction en vol du boeing de la Malaysia Airlines ou diverses reprises des combats.

Le Président de la République a tenu à ce que le semestre de la présidence française de l'Union européenne percute la période de campagne présidentielle. Il doit désormais assumer ce rôle et réagir avec force. Les menaces de sanctions économiques ou diplomatiques sont manifestement insuffisantes pour ramener le président Poutine à la mesure. Il convient donc d'envoyer des messages clairs sur la détermination de la France et de l'Europe à œuvrer à la désescalade tout en garantissant l'intégrité de l'Ukraine.

En Birmanie, près d'un an après le coup d'état militaire sur lequel j'avais alerté lors d'une séance de questions d'actualité, le gouvernement d'unité nationale en exil reste menacé et les militaires continuent d'imposer leur ordre par la violence et les atteintes aux droits de l'homme. Pour avoir reçu aujourd'hui même M. Aung Myo Min, ministre des droits humains de ce gouvernement d'unité nationale, dans le cadre des travaux du groupe d'amitié France-Birmanie, je souhaite qu'une réflexion soit engagée rapidement sur la reconnaissance de ce gouvernement d'unité nationale.

Ces quelques sujets constituent un test grandeur nature pour la crédibilité de l'influence de notre diplomatie. Pouvez-vous nous indiquer, monsieur le ministre, quelles sont vos intentions et celles de notre diplomatie sur ces différents dossiers ?

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