Intervention de Brigitte Klinkert

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 15h00
Augmentation du salaire minimum — Discussion générale

Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l'insertion :

Je voudrais répondre à un certain nombre d'interrogations et rétablir certains chiffres. Sachez tout d'abord que le niveau du salaire minimum en France est l'un des plus élevés parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il n'y a que huit pays – la France, l'Allemagne, le Benelux, l'Irlande, l'Espagne, la Slovénie – dans lesquels le SMIC mensuel dépasse 1 000 euros. La France est donc dans la moyenne de l'OCDE en termes de coût du travail. C'est ce que j'indiquais tout à l'heure : la France est le pays de l'OCDE où le revenu net du salaire minimum est le plus proche du revenu net du salaire médian.

Il est vrai que l'Allemagne a prévu de porter le salaire horaire minimum de 9,82 à 12 euros. Cette hausse, de l'ordre de 25 %, sera susceptible de provoquer des suppressions d'emplois mais vous savez qu'en 2019, avant la crise, le taux de chômage s'établissait en Allemagne à 3,2 %, contre plus de 8 % en France.

L'Espagne, quant à elle, a augmenté de 22 % le salaire minimum en 2019 ; au total, il a crû de 30 % depuis 2018. La Banque d'Espagne a estimé que la hausse intervenue en 2019 avait détruit 100 000 à 180 000 emplois.

En Grande-Bretagne, le salaire minimum a augmenté d'un tiers depuis 2015, tandis que l'inflation grimpait de 20 %. Il s'établit aujourd'hui à 10,63 euros de l'heure et atteindra, en avril 2022, 9,5 livres sterling soit 11,30 euros – mais le pays connaît depuis 2015 une inflation bien plus forte que la France et la zone euro.

Plusieurs parmi vous ont mentionné les travailleurs de la deuxième ligne. Je tiens évidemment, à mon tour, à les saluer comme vous l'avez fait ; ils ont été particulièrement mobilisés pendant la crise sanitaire. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé des travaux, depuis plusieurs mois, avec les principales branches concernées, s'agissant des caissières, des aides à domicile, des agents de propreté et d'autres professions encore. Je l'ai dit, les négociations sont en cours et certaines branches ont déjà pris des engagements. C'est le cas par exemple dans le domaine de la propreté, où un accord de revalorisation des salaires a été signé en juillet 2021 et où les échanges se poursuivent au sujet des conditions de travail. La prime exceptionnelle de pouvoir d'achat (PEPA), versée depuis juin 2021, prévoit un volet spécifique pour les travailleurs de seconde ligne, afin de corriger les négociations de branche. La prime peut ainsi être portée à 2 000 euros si l'entreprise négocie un accord à ce sujet.

Je voudrais revenir aussi sur les métiers féminisés. Il est vrai que les femmes sont souvent surreprésentées dans les métiers à bas salaires – ceux de caissière, d'agent d'entretien, ou bien d'autres encore. Il faut le savoir, 29 % des femmes travaillent à temps partiel, contre 8 % des hommes. Madame Bagarry, à travail égal, l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes s'établit à 9 % et non à 16 % – il est d'ailleurs inexpliqué.

Vous le savez, le SMIC n'est pas un bon instrument pour améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs pauvres.

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