Intervention de Sylvia Pinel

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 15h00
Augmentation du salaire minimum — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvia Pinel :

La crise sanitaire a mis en relief la situation des travailleurs pauvres et pourtant, leur utilité sociale n'a pas été davantage reconnue. En effet, les professions dites de première ou seconde ligne sont surreprésentées parmi les quelque 3 millions de salariés payés au SMIC. Je pense aux aides à domicile, aux aides ménagères, aux caissières, aux agents d'entretien ou de sécurité – tous ces métiers sur lesquels « tient tout entier notre pays » et que « nos économies rémunèrent si mal », selon les mots du Président de la République. La prise de conscience a été lente et n'a malheureusement pas suffi à corriger ces injustices.

Au fond, la présente proposition de loi nous invite à nous poser une question fondamentale : celle de la juste rémunération du travail. Or les enjeux en sont multiples.

Premier enjeu, le plus important : la justice sociale. Il est anormal de ne pas pouvoir vivre dignement des fruits de son travail, anormal aussi d'être rémunéré au SMIC pendant presque toute la vie, sans perspective d'évolution.

Ces constats sont d'autant plus aigus dans le contexte d'une forte inflation qui mine le pouvoir d'achat des ménages. Comment vivre avec moins de 1 300 euros par mois alors que les prix de l'énergie et du logement s'envolent ? Travailler au salaire minimum, c'est compter en permanence : loyer, électricité, factures de téléphone, cantine. Une fois ces dépenses incompressibles payées, que reste-t-il au bout du compte ?

Il n'est pas juste non plus de devoir compter sur les aides sociales pour compléter un salaire trop bas. La revalorisation de la prime d'activité, que ce gouvernement a décidée en réponse au mouvement des gilets jaunes, a certes permis de soulager un certain nombre de personnes, mais agir sur le seul levier de la prime d'activité expose au risque que jamais les salaires ne soient augmentés, incitant les employeurs à maintenir le statu quo. Surtout, cette revalorisation n'entre pas dans le décompte des indemnités de l'assurance chômage et de l'assurance maladie, ni dans le calcul des retraites, ce qui pénalise encore une fois les petits salaires, et bien souvent les femmes. De manière générale, les primes et aides sociales ne constituent pas une politique structurelle permettant la juste rémunération du travail.

L'autre enjeu concerne évidemment l'attractivité de certains métiers qui, malgré la reprise économique, peinent à recruter. Les négociations salariales en cours au niveau des branches sont encourageantes. Lundi, c'est la branche hôtellerie-restauration qui a conclu un premier accord prévoyant une augmentation moyenne de 16 % des rémunérations. Mais d'autres restent malheureusement dans l'impasse, comme le transport routier et la grande distribution. Quant à la conférence des métiers de l'accompagnement social et médico-social, censée apporter une réponse aux « oubliés du Ségur », le Premier ministre l'avait annoncée pour le 15 janvier mais elle a finalement été repoussée.

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