Intervention de Martine Wonner

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 15h00
Urgence contre la désertification médicale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Wonner :

Qui ne connaît pas ici un proche dont le médecin généraliste n'a pu être remplacé ? Qui ne s'est pas déjà vu refuser une consultation par un médecin qui ne pouvait pas prendre de nouveaux patients ? Entre 7 et 9 millions de nos compatriotes n'ont pas de médecin traitant !

Face à cette situation, devant ces chiffres, le Gouvernement s'entête, s'enlise dans une politique faite de mesures abstraites. Les ministres se gargarisent de la suppression du numerus clausus, qui augmentera le nombre de médecins dans huit ans seulement ; on nous parle de l'augmentation, de l' « explosion » du recours aux consultations de télémédecine soutenue par la campagne « Oui à la e-santé » et son slogan : « Pour que le numérique devienne le meilleur allié de notre santé ».

Dans quelle réalité vit donc ce gouvernement pour croire qu'un appel vidéo sans auscultation, sans examen clinique, peut se substituer aux besoins en offre de soins ? La réalité, c'est une femme qui repousse indéfiniment des examens pour une suspicion de tumeur du sein parce que l'hôpital est trop loin ; c'est une personne âgée qui ne prend plus ses médicaments pour sa maladie chronique car, en l'absence de médecin, impossible de faire renouveler voire adapter son ordonnance ; c'est une personne avec des troubles psychiques, qui n'accédera à une primo-consultation qu'en urgence, après un éventuel passage à l'acte ; ce sont des infirmiers méprisés par l'État, qui outrepassent leurs fonctions pour assurer un semblant de continuité des soins, tout en devant consacrer plus de temps à des tâches administratives qu'aux soins ; ce sont aussi des pharmacies rurales qui ferment, car les médecins ne sont plus là pour prescrire, surtout si on le leur a interdit.

Je signale un nombre important de départs à la retraite anticipés ou de reconversions, la disparition progressive de la médecine de proximité aboutissant à un engorgement des services d'urgences.

L'urgence a beau être manifeste, nous avons passé nos deux dernières années à voter des lois successives, dites d'urgence sanitaire, faisant la part belle à des mesures liberticides, pensées par une technocratie ministérielle aveuglée par le Conseil de défense ! On a définitivement tué l'envie de nos jeunes de s'engager dans les études médicales, et il est plus que temps de revenir à la réalité et de débattre de mesures sanitaires qui ne se résument pas à des contrôles d'identité ou des sanctions administratives mais se donnent pour objectifs la revalorisation du statut des soignants et le respect de tous les patients, quels que soient leur âge et leur pathologie.

L'accès aux soins n'est pas un droit négociable ; il est fondamental. Il est inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946 : « La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé […]. »

Je voterai donc pour ce texte

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