Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 9h00
Condamnation des crimes perpétrés contre les ouïghours — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

Il y a des heures parlementaires que l'on aime sans doute plus que d'autres et qui honorent notre assemblée. Après la volonté d'inscrire le devoir de vigilance des entreprises dans un cadre plus large, celui de l'Europe sociale, nous abordons la question de la sauvegarde des Ouïghours, petit peuple bafoué, insulté, martyrisé pour des raisons religieuses et ethniques.

L'humanité progresse en droit et en justice, on le voit partout, mais elle peine à tirer les leçons des parts les plus sombres de son histoire. Il y a comme une force invisible qui l'attire vers le mal, qui la pousse à faire le mal et à dénier à des individus ou à des communautés leur dignité sacrée d'êtres humains. Nous sommes au XXIe siècle et de nouvelles persécutions s'ajoutent – hélas – à la longue liste des persécutions, des massacres, des déportations de notre histoire. Je pense aux Rohingyas, aux Yézidis, aux chrétiens d'Égypte ou du Pakistan et à bien d'autres peuples victimes de persécutions à travers le monde.

Embrasser la cause des Ouïghours, c'est en quelque sorte embrasser toutes les causes des peuples persécutés aujourd'hui. Comment ne pas voir dans leur déportation massive dans des conditions dégradantes et avilissantes, dans leur détention arbitraire, dans le travail forcé, dans les tortures et les traitements cruels qui leur sont infligés, dans les campagnes d'acculturation de leurs enfants, forcés de devenir de bons petits Chinois, dans la colonisation intérieure, la séparation physique des familles, des couples, des enfants, dans l'incitation aux mariages mixtes, dans les stérilisations et les avortements forcés, dans l'acharnement contre leur culture, les preuves flagrantes d'un véritable génocide, d'un crime fait à notre humanité ?

Comment ne pas entrevoir dans la propagande chinoise, qui présente les camps de rééducation pour les Ouïghours comme des centres de formation professionnelle, une lugubre et funeste analogie avec la propagande nazie à Dachau en 1934 ? Oui, mes chers collègues, s'acharner contre un peuple, contre ses enfants, contre sa culture, c'est franchir, du côté du mal, les bornes communes à toutes les cultures. Depuis Nuremberg, chacun doit entendre et admettre qu'il n'existe aucune impunité pour les fauteurs de crimes génocidaires, mais il est sans doute plus facile de faire respecter cette norme sacrée à l'intérieur d'un espace géopolitique comme l'Europe que par une gouvernance aussi éloignée des critères présidant à la définition d'une démocratie que l'est la République populaire de Chine.

J'ai la conviction que, plus que jamais, à l'heure de la mondialisation, nous sommes dans la même barque, que nous partageons une destinée commune. Agir pour les Ouïghours, c'est dire que rien ne saurait justifier ou – pire – excuser la persécution d'un peuple. Agir pour les Ouïghours, c'est en appeler à la conscience du peuple chinois pour que cessent dans son pays les atteintes contre une minorité religieuse. Agir pour les Ouïghours, c'est espérer que l'Europe sera plus offensive pour défendre la dignité de tout peuple de par le monde. Agir pour les Ouïghours, c'est soutenir l'initiative de la France en faveur d'une mission internationale d'enquête au Xinjiang. Agir pour les Ouïghours, c'est savoir réserver sur notre sol le meilleur accueil possible à leurs ressortissants. Agir pour les Ouïghours, c'est une façon d'affirmer à la face du monde, à la face des tyrans, notre dignité sacrée d'êtres humains.

Agir pour les Ouïghours, c'est voter en faveur de cette résolution, ce que fera naturellement le groupe Agir ensemble.

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