Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 9h00
Discussion d'une proposition de résolution européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

C'est un beau combat que nous menons ici, qui s'inscrit dans une très longue tradition de combats pour l'amélioration de la dignité au travail. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une pensée ce matin – et je vous prie de bien vouloir m'excuser de cet aparté personnel – pour ma grand-mère qui fut ouvrière dans le textile et qui me racontait qu'à l'âge de 13 ans elle faisait le chemin qui la conduisait depuis son village natal vers Tourcoing. Je ne dis pas qu'elle travaillait dans des conditions indignes, qu'elle était exploitée ; sa condition était celle du travail dans le secteur textile au début du XXe siècle. Ces images, nous les avons tous en mémoire et sans doute que dans nos familles des personnes ont vécu des situations au travail qui ne sont pas totalement celles que nous vivons aujourd'hui, ce qui montre que le droit du travail ne cesse de progresser.

Le second parallèle que je ferai, c'est l'histoire que nous vivons, cette pandémie contre laquelle nous luttons en ayant totalement inversé l'échelle de valeurs du monde capitaliste. Nous avons en effet souhaité placer l'humain, non seulement au cœur de nos actions, mais aussi à la tête de nos priorités. Nous avons remis l'économie là où elle devait être. Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas soutenu, bien au contraire, tout le secteur économique, mais c'est d'abord l'homme que nous avons protégé. On pourra contester ou approuver les mesures qui ont été prises – l'histoire sans doute en jugera –, mais, en tout cas, c'est un signe plutôt positif, dans le système économique dans lequel nous sommes plongés depuis quelques siècles, que d'avoir réussi à mettre l'humain au cœur de nos préoccupations et de la chaîne de valeur.

Chacun a en mémoire ces images affreuses du Rana Plaza qui nous ont fait prendre conscience que les choses ne pouvaient plus demeurer en l'état et que, comme vous l'avez fort bien dit monsieur le rapporteur, le combat que nous avons mené et que nous devons poursuivre au bout de notre rue, dans notre quartier, nous devons aussi le mener au bout de la planète, parce que la mondialisation fait que le tee-shirt que j'achète, le pantalon que je porte viennent probablement et malheureusement de très loin, même si le secteur textile essaie de se refaire une santé, et qu'ils n'ont peut-être pas été fabriqués dans des conditions pleinement respectueuses du droit du travail tel que nous le connaissons ici. Il est donc important d'inscrire dans le droit français ce devoir de vigilance, signe très important de progrès.

On peut saluer les propos du ministre délégué qui s'est engagé tout à l'heure à mener un combat au niveau européen, parce que tout l'objectif de ce devoir de vigilance est de pouvoir le faire partager par le plus grand nombre de pays européens afin d'avoir du poids. L'Europe est une échelle d'équilibre dans le monde et, en s'engageant en la matière, elle pourra entraîner un peu plus le monde dans le renforcement de l'application du devoir de vigilance.

Beaucoup de communes dans nos territoires sont engagées en faveur de ce devoir de vigilance. Je pense au réseau « ville amie des enfants ». Ce n'est pas qu'un concept : il permet aux enfants des communes d'être sensibilisés à cette grande cause planétaire. Je ne peux que me prononcer en faveur de son extension, de sa propagation afin que nos enfants comprennent, dès leur plus jeune âge, que s'ils vivent dans des conditions tout à fait convenables, fruit d'un long combat, à l'autre bout de la planète d'autres enfants, d'autres hommes et femmes ne bénéficient pas du tout de conditions de travail aussi belles et exemplaires.

Les contraintes et obstacles à lever seront nombreux, on le sait. Mais nous comptons beaucoup sur la présidence française du Conseil européen pour faire progresser cette notion.

Malgré les contraintes, malgré les difficultés, le groupe Agir ensemble ne veut adopter qu'une seule philosophie, qui guide son action. « Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme est de volonté », selon la fameuse pensée d'Alain. Nous ne voulons en retenir que la partie optimiste : certes, il faudra franchir de nombreuses haies, mais notre bonne volonté à tous – car j'espère que l'Assemblée nationale votera, unanime, cette proposition de résolution – nous permettra de fixer un cap et, grâce à la volonté que le Gouvernement affichera à son tour, nous pourrons atteindre nos objectifs. Je remercie le rapporteur et tous ceux qui ont défendu cette proposition de résolution, que nous soutiendrons.

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