Intervention de François-Michel Lambert

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 21h30
Légalisation du cannabis sous le contrôle de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

Toute la question est de savoir allier la confiance dans l'usage et la protection contre les débordements. Le cannabis est une substance dangereuse consommée tous les jours par 1 million de Français et de manière régulière par 5 millions de nos concitoyens. Son marché ne peut pas être confié aux trafiquants.

Le Président de la République en reste aux déclarations accusatoires. Les consommateurs de cannabis ? Il s'en est fallu de peu qu'il se mette à dire qu'il avait bien envie de les emmerder, à les traiter d'irresponsables et donc de non-citoyens. Aux électeurs d'Emmanuel Macron, qui consomment ou ont consommé du cannabis, je recommande donc de ne pas aller voter en avril prochain, puisqu'ils ne sont plus des citoyens.

Quant au ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, nous aurions aimé l'interroger, le mettre face à ses mensonges, ses manipulations de chiffres. Mais il n'est pas là. La semaine dernière, il n'est pas venu non plus. Dans le cadre de nos activités de contrôle du Gouvernement, j'avais, au nom du groupe Libertés et territoires, initié un débat sur la prohibition du cannabis et l'isolement de la France au niveau de l'Union européenne dans ce domaine. Tous les autres pays sont sur une voie de dépénalisation, voire de légalisation, comme ces narco-États que sont le Luxembourg et l'Allemagne – où notre collègue François Jolivet ne doit pas se rendre souvent.

Ce n'est pas vous faire offense, monsieur le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles, que de dire que nous espérions la présence du ministre de l'intérieur. Vous représentez le Gouvernement, ce qui est très bien. Mais, s'il avait été là, Gérald Darmanin aurait pu s'expliquer sur les fake news qu'il profère dans le cadre de cette guerre à la drogue qu'il dit mener. On a l'impression d'en revenir aux communiqués du ministère de la guerre, après la défaite du 24 août 1914, lors de la fameuse bataille des Frontières.

Nous aurions aimé qu'il nous lise les courriers de ses homologues canadien, américain, uruguayen, portugais ou hollandais, dans lesquels ils expliquent qu'ils vont revenir en arrière car ils se sont trompés, ont fait fausse route en s'engageant sur la voie de la légalisation ou de la dépénalisation.

Il aurait pu nous expliquer comment il arrive à tordre les statistiques de son ministère. Alors que 4 % des morts sur les routes sont dus au cannabis, la communication officielle lui impute un accident mortel sur cinq. Cédric Villani pourrait peut-être l'aider en mathématiques…

Surtout, nous aurions bien voulu comprendre pourquoi un arrêté écrit par les lobbys industriels est venu, le 31 décembre dernier, interdire la vente de feuilles, fleurs et tisane de cannabis au cannabidiol.

La semaine dernière, Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement, nous a fourni des explications assez baroques. Un peu gênée, elle nous a dit que c'était pour qu'elles ne puissent être mélangées avec du tabac. Le tabac ça va, le CBD, ça ne va pas. Autre argument : il ne faut pas que soit mis en vente un produit aux allégations mensongères de pharmacopée. Dans ce cas, interdisons aussi le gingembre !

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