Intervention de Thomas Gassilloud

Séance en hémicycle du jeudi 13 janvier 2022 à 21h30
Légalisation du cannabis sous le contrôle de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud :

J'ai été chargé de vous faire part de la position du groupe Agir ensemble concernant la proposition de loi défendue par notre collègue Éric Coquerel, au nom du groupe La France insoumise.

L'examen de cette proposition de loi intervient quelques mois après la présentation du rapport de la mission d'information de notre assemblée sur la réglementation et l'impact des différents usages du cannabis. Ses membres avaient alors constaté un certain échec de la politique répressive menée depuis plus de cinquante ans dans notre pays. En effet, l'interdiction et la pénalisation n'ont pas permis de juguler les trafics : le marché du cannabis pèse aujourd'hui plus de 1 milliard d'euros, soit la moitié du marché global de la drogue en France.

Le tout répressif n'a pas non plus conduit à une baisse de la consommation. Bien au contraire, avec plus de 5 millions d'usagers, dont 900 000 quotidiens, elle n'a jamais été aussi forte en France, et nous continuons d'occuper la première place du classement des plus gros consommateurs européens.

La banalisation de la consommation est d'autant plus inquiétante chez les jeunes, dont le cerveau est en maturation. À 17 ans, 40 % des adolescents ont déjà fumé du cannabis, et l'âge moyen d'expérimentation se situe à 15 ans – c'est le plus bas d'Europe. La communauté scientifique est pourtant unanime : sans même parler des difficultés de concentration, des pertes de mémoire ou des risques de cancer et de maladie cardiovasculaire, il est avéré que la consommation précoce de cannabis accroît sérieusement les risques de développer des troubles psychiatriques et schizophréniques.

Nous sommes donc face à un produit incontestablement dangereux, dont la consommation est toujours plus importante, alors que la loi est toujours plus stricte à son égard.

Sans nier les risques pour la santé du corps et de l'esprit, notamment chez les jeunes consommateurs, il est donc parfaitement légitime de s'interroger sur notre stratégie actuelle, et d'être tenté d'envisager une légalisation encadrée.

Alors, est-ce la solution ? Le groupe Agir ensemble, au sein duquel se manifestent des opinions diverses sur la légalisation du cannabis, y reste majoritairement opposé, en particulier sous la forme de cette proposition de loi.

Sur le fond, je tiens à rappeler que nous n'avons pas constaté de diminution de la consommation dans les pays où le cannabis a été légalisé ; c'est même plutôt l'inverse si l'on en croit les exemples du Canada et de l'Uruguay.

En outre, dans le meilleur des cas, la légalisation ne changera rien à la consommation des mineurs, qui restera interdite, alors que la principale menace sanitaire concerne les jeunes.

Quant à la comparaison avec le tabac et l'alcool, elle n'est pas pertinente car vous omettez de parler des conséquences irréversibles sur le développement cérébral des plus jeunes.

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