Intervention de Frédérique Dumas

Séance en hémicycle du mardi 7 décembre 2021 à 15h00
Questions au gouvernement — Trafic d'organes humains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédérique Dumas :

Hier, les États-Unis ont annoncé le boycott diplomatique des Jeux olympiques de Pékin. Le 31 janvier 2020, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a voté une résolution qui recommande notamment que « les États parties fassent preuve d'une grande prudence en ce qui concerne la coopération avec le système de réponse des greffes d'organes en Chine et la Croix-Rouge chinoise ».

Le 14 juin dernier, des experts de l'ONU ont reconnu être très alarmés par les rapports qu'ils ont reçus au sujet de la pratique de prélèvements forcés d'organes en Chine sur des prisonniers issus de minorités ethniques, linguistiques et religieuses, rapports qu'ils ont qualifiés de crédibles.

La France a signé en 2019 la convention du Conseil de l'Europe contre le trafic d'organes humains, dite convention de Compostelle. Sa ratification était enfin inscrite à l'ordre du jour de notre assemblée pour être discutée dans l'hémicycle ce jeudi 9 décembre mais nous avons appris ce matin qu'elle avait été retirée par le Gouvernement sans aucune explication et sans qu'une nouvelle date d'examen ne soit annoncée.

Ce même 9 décembre, le Uyghur Tribunal rendra son jugement sur les crimes contre l'humanité et le risque sérieux de génocide en cours contre les Ouïghours.

Retirer ce texte dans ce contexte est donc un geste symbolique extrêmement grave. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, est-ce le signe d'un renoncement ou bien au contraire d'une prise de conscience ? Le Gouvernement va-t-il passer à l'acte et prendre l'engagement de modifier le droit pénal français afin de permettre de lever les réserves que la France est un des très rares pays signataires à avoir émises ?

Les établissements de recherche et de santé publics et privés français ont passé depuis vingt ans de nombreuses conventions de coopération scientifiques et médicales avec la Chine. Or, si ces conventions prévoient bien évaluations et contrôles, il n'existe aucun outil concret et effectif pour les mener à bien, comme l'a souligné la direction générale de l'offre de soins (DGOS) ?

Allez-vous donc vous décider à aller plus loin et donner un avis favorable à la proposition de loi visant à s'assurer du respect des principes éthiques par nos partenaires extra-européens et nous garantir que nous ne nous rendrons pas indirectement complices du pire ?

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