Intervention de Philippe Bolo

Séance en hémicycle du lundi 29 novembre 2021 à 16h00
Association de taïwan aux travaux des organisations internationales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Bolo :

L'ordre du jour de la séance publique nous invite à débattre de la possibilité d'associer plus largement Taïwan aux travaux des organisations internationales et des forums de coopération multilatérale. À ce titre, la proposition de résolution présentée aujourd'hui à l'initiative de François de Rugy, et cosignée par la majorité des groupes parlementaires, doit permettre d'apporter le soutien de la représentation nationale aux actions menées en ce sens par le gouvernement français. Les défis qu'il faudra relever demain nécessiteront plus que jamais des réponses globales et une solidarité internationale renforcée : il semble donc tout à fait opportun que nous reconsidérions la participation de Taïwan au sein des organisations internationales.

La crise sanitaire qui nous a frappés et qui sévit malheureusement encore aujourd'hui nous l'a largement démontré : exclure plus longtemps Taïwan de la coopération multilatérale ne reviendrait qu'à nuire aux intérêts de la communauté internationale, alors même que l'archipel a beaucoup à nous apprendre. Fort de son expérience du SRAS et du H1N1, ce pays est aujourd'hui un acteur essentiel en termes de diplomatie sanitaire. Dans le cadre de la crise de la covid-19, il s'est ainsi illustré par sa gestion extrêmement rapide et efficace de la pandémie : pour preuve, au cours de l'année 2020, le territoire ne recensait qu'un peu plus d'un millier de contaminations et une dizaine de décès, faisant de l'exemple taïwanais une référence.

De plus, la participation de la dix-neuvième économie mondiale à la lutte contre le dérèglement climatique ou contre la criminalité organisée pourrait être avantageuse. Taïwan participe d'ailleurs d'ores et déjà à plusieurs organisations internationales, à l'instar de l'OMC ou de l'APEC, et a été associée aux travaux de l'OMS entre 2009 et 2016.

Par ailleurs, notons que malgré un statut étatique complexe, Taïwan a su devenir une puissance diplomatique à part entière au fil des décennies. Bien qu'aucune ambassade française n'y soit présente, la France dispose ainsi d'une représentation diplomatique sur place à travers l'Institut français de Taipei.

Aujourd'hui, alors que le multilatéralisme apparaît comme la seule réponse aux enjeux globaux auxquels nous faisons face, nous ne pourrions que tirer profit d'une association plus large de Taïwan à la coopération internationale.

Il s'agit avant tout de défendre les valeurs que sont le respect du droit international et le rejet de l'expansionnisme. En proposant d'associer Taïwan aux travaux des organisations internationales et des forums de coopération multilatérale, nous dénonçons avec vigueur toutes les démarches qui font primer la force sur la coopération et l'hégémonie sur le dialogue. Alors que les tensions entre Taïwan et Pékin ne cessent de croître, le rôle de la France, mais aussi de l'Europe, est aujourd'hui de se positionner contre toute volonté hégémonique. Récemment, l'Union européenne a donc pris des positions fortes en faveur de la participation renforcée de Taïwan aux travaux des organisations internationales : le 21 octobre dernier, le Parlement européen a adopté une recommandation visant à renforcer les liens de l'Union avec l'île et à s'engager dans la voie d'un accord d'investissement ; le 29 octobre, le ministre taïwanais des affaires étrangères s'est rendu en Europe pour une visite inédite ; enfin, pour la première fois, une délégation de la commission spéciale du Parlement européen sur la désinformation et les ingérences étrangères dans les processus démocratiques a été envoyée le 2 novembre à Taïpei pour trois jours.

Considérant que la présente proposition de résolution permettrait d'inscrire pleinement la France dans cette dynamique européenne, le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés est tout particulièrement favorable à son adoption par la représentation nationale.

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