Intervention de Chantal Jourdan

Séance en hémicycle du jeudi 25 novembre 2021 à 9h00
Pour la conservation et l'utilisation durable de l'océan — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Jourdan :

En préambule, je m'associe aux réflexions orateurs précédents concernant la disparition tragique d'hommes et de femmes qui ne cherchaient qu'un avenir meilleur en traversant la Manche hier.

Nous le savons : les ressources naturelles sont surexploitées, et les ressources maritimes n'échappent pas à cette réalité. Nous avons abîmé nos océans, la faune et la flore qu'ils abritent au point de faire disparaître de nombreuses espèces marines essentielles à l'équilibre de cet écosystème. Longtemps laissée de côté par les politiques publiques environnementales, la protection des océans représente pourtant un enjeu fondamental dans la lutte contre le dérèglement climatique. Le dernier rapport spécial du GIEC consacré à l'océan et à la cryosphère montre bien que l'effet de serre aurait été bien plus intense s'il n'avait pas absorbé une importante proportion du dioxyde de carbone émis par les hommes. Malheureusement, l'absorption de CO2 par l'océan provoque son acidification, phénomène néfaste pour de nombreux écosystèmes marins. Les sujets liés à la conservation des océans et à la gestion de leurs ressources sont nombreux : braconnage, surpêche, pollution par le plastique, montée des eaux, exploitation minière, etc. Mais tous ces sujets sont connectés aux enjeux planétaires que sont la protection de la biodiversité et la lutte contre le dérèglement climatique. Le groupe Socialistes et apparentés se réjouit que le Parlement se saisisse d'une telle question alors que des négociations portant sur la conservation et sur l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale sont en cours et que le One Ocean Summit aura lieu en février prochain à l'initiative de la France.

Le droit de la mer doit évoluer rapidement et de façon ambitieuse. La France a un rôle premier à jouer dans la protection des océans et doit plaider pour la conclusion rapide d'un accord à la hauteur des enjeux. C'est ce à quoi tend la proposition de résolution et c'est pourquoi le groupe Socialistes et apparentés la soutiendra. Pour autant, nous émettons certaines craintes quant à la volonté du Gouvernement en la matière.

En effet, lors de sa présentation du plan France 2030, le Président de la République a évoqué la possibilité d'accéder à des métaux rares dans le cadre d'exploration des fonds marins, et le gouvernement français a refusé, lors de la conférence de l'UINC, qui s'est tenue à Marseille en septembre dernier de soutenir un moratoire sur l'extraction minière en eaux profondes. Nous serons donc vigilants quant au décalage entre les paroles et les actes et veillerons à la bonne mise en œuvre des engagements qui devraient être pris dans le cadre du One Ocean Summit. Nous insistons sur la nécessité de renforcer les moyens financiers et humains dédiés à la protection des océans pour soutenir les acteurs de terrain afin de ne pas produire un cadre juridique qui ne serait, une fois de plus, qu'une coquille vide.

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