Intervention de Michel Zumkeller

Séance en hémicycle du mardi 16 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Zumkeller :

Je ne vous cache pas ma déception à l'égard du projet de budget que vous soumettez au vote de notre assemblée. Nous attendions en effet du cinquième et dernier budget de la législature davantage d'ambition, ou au moins une volonté de se projeter dans les années à venir.

Ce budget est décevant en matière de développement durable et de compétitivité des entreprises, qui sont pourtant des questions essentielles pour l'avenir du pays.

Le groupe UDI et indépendants vous a pourtant proposé des mesures concrètes, que vous avez rejetées.

Au cours de ces dernières années, nous avons connu toute la difficulté de la gestion d'une crise sanitaire sans précédent et relevé de vrais défis pour enclencher une relance économique. Les députés du groupe UDI-I se sont mobilisés en votant les mesures exceptionnelles et ponctuelles permettant de lutter contre l'épidémie et soutenant prioritairement les revenus des ménages et notre tissu économique et industriel.

Mais nous considérons que toute crise représente aussi une véritable opportunité : redonner du sens aux dispositions qui régissent l'action publique. C'est ce qu'appelaient de leurs vœux nos concitoyens, dont le pouvoir d'achat est de nouveau rogné par la hausse des prix de l'énergie, et qui sont confrontés à un système fiscal entraînant trop souvent un fort sentiment d'injustice.

C'est aussi ce que réclament les entreprises qui, dans la perspective de l'après-crise, ont besoin d'une réelle sécurité juridique pour retrouver la confiance nécessaire dans leurs investissements. Ces entreprises, nos PME, ont beaucoup souffert des mesures de gestion de crise sanitaire. Cela aurait été un juste retour, à la hauteur des efforts qu'elles ont consentis.

Ce budget 2022 aurait pu permettre de donner des signaux forts et ainsi de donner l'impulsion nécessaire à une véritable reprise économique.

Je vous le rappelle, le budget de la France doit être réaliste et sincère, en intégrant l'ensemble des mesures annoncées sur le long terme. Il doit présenter une cohérence globale et s'inscrire dans une trajectoire clairement définie. Or ce n'est pas le cas de ce budget.

Personne ne peut désormais nier que cette crise marquera profondément et durablement notre économie et nos finances publiques. Même si l'exercice est difficile, le budget est tenu de traduire la responsabilité dont le Gouvernement doit faire preuve en la matière. À cet égard, nous regrettons que le surcroît de recettes fiscales lié au dynamisme de la reprise ne soit pas consacré au désendettement.

De manière factuelle, l'INSEE indique que la dette publique s'élevait à la fin du quatrième trimestre 2017 à 97 % du PIB, soit un montant de 2 218,4 milliards d'euros. Pour la prévision 2022, ces chiffres grimpent désormais à 115,3 %, soit un montant de près de 3 000 milliards d'euros.

Nous ne nous livrerons pas à une guerre des chiffres mais souhaitons, de cette manière, appeler votre attention sur ce qui préoccupe les Français. Comment expliquer à nos concitoyens qui peinent à boucler leurs fins de mois que l'État s'endette toujours plus, au point de ne plus savoir comment rembourser ?

Les chiffres n'ont rien de rassurant, les dépenses publiques continuent d'exploser, s'établissant désormais à 1 444 milliards d'euros, soit 55,7 % du PIB, ce qui représente une hausse de 1,9 point par rapport au niveau d'avant la crise du covid-19. Au-delà du débat budgétaire, la gestion des finances publiques est une question de crédibilité de l'action politique. En la matière, l'exemplarité devrait être une obligation de l'État.

Au sein du groupe UDI-I, nous sommes convaincus que l'on ne pourra bâtir la France de 2030 sans un positionnement clair sur la réduction des dépenses publiques. D'ailleurs, les travaux de la commission Arthuis ont mis en évidence de manière assez juste que, si nous poursuivons le même rythme d'augmentation des dépenses publiques, l'endettement poursuivra sa hausse continue dans les prochaines années, et ce dans la plupart des scénarios plausibles sur la croissance économique. Sans perspective de stabilisation, la situation apparaîtrait évidemment insoutenable à long terme.

En effet, si nous ne disposons pas de plus de marges de manœuvre pour relever les défis de demain, comme la transition écologique ou la survenance d'une prochaine crise, nous serons encore plus contraints d'être liés à la remontée des taux d'intérêt, à court et à moyen termes.

En revanche, je tiens à souligner que nous nous réjouissons du consensus trouvé au sein de cette assemblée autour de notre amendement en faveur de la recherche contre les cancers pédiatriques. Il s'agit d'un combat de longue date de Béatrice Descamps et de Jean-Christophe Lagarde. Cette cause de santé publique justifie à elle seule l'effort de 20 millions d'euros consenti par ce budget. C'est la parfaite illustration de ce que signifie un budget responsable et la preuve que, par la recherche de consensus et grâce à l'intelligence collective que nous avons démontrée, nous pouvons donner à la France un budget à la hauteur des défis qu'elle doit aujourd'hui relever.

Même si les membres du groupe UDI-I approuvent à des niveaux différents certaines mesures traduites au sein de ce PLF, la logique générale de celui-ci nous incitera majoritairement à voter contre.

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