Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 21 décembre 2017 à 15h00
Compétences des collectivités territoriales dans le domaine de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, madame la rapporteure, mes chers collègues, la proposition de loi dont nous entamons ici la dernière lecture concerne la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations, qui est, jusqu'au 1er janvier 2018, une compétence partagée : toutes les collectivités territoriales sont légitimes à mener des actions dans ce domaine.

Toutefois, la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, dite loi MAPTAM, a prévu le transfert obligatoire, à compter du 1er janvier 2018, de l'exercice de cette compétence à titre exclusif et obligatoire aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre, c'est-à-dire les communautés de communes, communautés d'agglomération, communautés urbaines et métropoles. Afin de faciliter cette transition, la loi MAPTAM permettait aux collectivités exerçant l'une des missions attachées à la compétence GEMAPI à la date du 28 janvier 2014 de poursuivre leurs engagements jusqu'au transfert de la compétence, et au plus tard jusqu'au 1er janvier 2020. Au-delà de cette date, en revanche, la loi ne donnait pas la possibilité aux collectivités qui l'auraient souhaité de continuer à mener des actions dans ce domaine, puisqu'il devenait réservé aux seuls EPCI. Cette loi vise donc à prolonger la possibilité d'exercer les compétences GEMAPI à la carte, au lieu de les centraliser au niveau des intercommunalités.

En 2015, nous nous étions déjà opposés à l'adoption de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République, dite NOTRe. En effet, ce qu'on a appelé le troisième acte de la décentralisation était, de notre point de vue, non pas une mesure de gestion administrative, mais la continuation d'un projet politique à deux visées.

La première était d'acter le remplacement de l'organisation territoriale issue de la Révolution française et s'appuyant sur la commune, le département et l'État, par une nouvelle organisation privilégiant les intercommunalités, les régions et l'État ou l'Union européenne. De notre point de vue, cette réforme s'est faite de manière forcée et hasardeuse, notamment par des fusions de communes prononcées par arrêté préfectoral et par la création de méga-régions sans réalité humaine ni géographique. On a, par exemple, créé la région Grand Est et la région Nouvelle-Aquitaine, qui n'ont pas d'assise réelle.

La seconde visée était d'instaurer une forme de concurrence libre et non faussée entre les collectivités territoriales, à chaque échelon de collectivité, qui irait jusqu'à s'insinuer entre les services publics et entre les habitants d'un même territoire. Nous sommes contre cette vision idéologique, donc contre l'organisation territoriale prônée par les gouvernements qui ont successivement adopté ces réformes. Nous nous opposons aux fusions autoritaires des communes en intercommunalités, à la création des métropoles, à la consécration de nouvelles régions qui ne recoupent aucune autre réalité que celle de la nomenclature des unités territoriales statistiques de l'Union européenne qui sert de référence pour la définition des politiques régionales. De notre point de vue, ce n'est pas en plaçant les collectivités dans une logique d'affrontement que nous créerons du commun. Ce n'est pas en opposant les légitimités que nous redonnerons un souffle démocratique à notre pays.

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