Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 21h30
Filière française de production de masques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Mars 2020 – souvenez-vous : alors que les Français restaient calfeutrés chez eux, osant à peine sortir pour se ravitailler, nous assistions à une véritable course aux masques. Celui qui en avait un était chanceux : il était regardé avec convoitise, parfois avec jalousie. Les médecins, quant à eux, raclaient leurs fonds de tiroirs, à la recherche de vieux stocks de l'épidémie de H1N1 : on les disait périmés, mais c'était mieux que rien.

Comble du comble, puisque nous ne disposions pas de masques, nous avons eu droit à un florilège de propos de ministres, de préfets, voire de parlementaires de la majorité, expliquant que porter un masque pouvait être dangereux et, en tout état de cause, parfaitement inutile.

Lorsqu'on y repense, nous avons traversé une période surréaliste, durant laquelle la septième puissance mondiale s'est trouvée dans l'incapacité industrielle de fournir des masques à sa population. Cette incapacité était connue, comme cela a été rappelé dans la proposition de résolution, puisque l'usine Sperian située à Plaintel dans les Côtes-d'Armor, la seule à produire des masques en France, avait baissé le rideau en 2018 dans l'indifférence générale – il faut bien le dire –, alors qu'en 2010 elle produisait plus de 200 millions de masques.

Sans capacité de production immédiate, la France a dû s'adresser à l'étranger pour acheter les précieux masques. Et vers qui s'est-elle tournée ? La Chine, principalement. Avouez que la situation était cocasse ; elle l'a été plus encore lorsque, effarés, nous avons vu les masques commandés par la France être vendus quasiment aux enchères sur le tarmac chinois aux plus offrants, les Américains. Un feuilleton rocambolesque quand, pendant ce temps, les infirmières et les médecins français se protégeaient comme ils le pouvaient, avec des masques périmés et, pour certains, des sacs poubelle en guise de blouses : une véritable honte !

Néanmoins, comme souvent en cas de crise, lorsque l'État ne parvient plus à assumer ses responsabilités, les maires sont là pour prendre le relais. Ils ont répondu présents, comme le maire de Béziers qui, lors du premier confinement, a commandé plus de 150 000 masques en Espagne, qu'il est allé chercher lui-même, pour que chaque Biterrois dispose le plus tôt possible et gratuitement de deux masques.

Depuis, nous sommes passés de la pénurie à la profusion : nous avons tellement de masques que certaines pharmacies en donnent lorsqu'une personne est identifiée positive à la covid-19. Seul problème : alors que nous nous sommes organisés pour produire des masques français, 98 % de ceux distribués ou achetés en France proviennent toujours d'Asie.

Emmanuel Macron l'avait pourtant assuré : nous devons relocaliser et recréer des forces de production dans les territoires français. La souveraineté sanitaire et industrielle sera l'un des piliers du plan de relance. Nous aurions pu croire à une prise de conscience, mais il n'en était rien.

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