Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 21h30
Filière française de production de masques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

La crise de la covid-19 a révélé la dépendance française aux fournisseurs internationaux. Plus grave, elle a mis en lumière une incurie de plusieurs années dans la gestion des masques et plusieurs failles stratégiques. Dès la fin du mois de mars 2020, nos hôpitaux ont eu à gérer la pénurie de certains médicaments nécessaires. Peu de temps après, le manque de respirateurs s'est, lui aussi, fait sentir. À la sortie de la crise, nous avons fait face à la carence des réactifs destinés à la réalisation de tests sanitaires. Quant aux vaccins, ils ont été développés bien plus rapidement par des entreprises étrangères, alors que notre champion national Sanofi a annoncé il y a quelques jours l'abandon des recherches d'un vaccin à ARN messager.

L'absence de renouvellement des stocks de masques et l'approvisionnement chaotique pendant les premiers mois de la crise resteront les écueils majeurs contre lesquels s'est heurté le Gouvernement dans sa gestion de la pandémie. Ces premiers mois de crise, nous nous en souviendrons. Face à l'engorgement des services d'urgence, le corps médical était sous-équipé. Les Français confinés étaient dans l'impossibilité de se procurer un masque et le Gouvernement a préféré minimiser l'utilité du port généralisé plutôt que de reconnaître la pénurie de FFP2 et de masques chirurgicaux.

L'heure n'est plus à la pénurie, bien au contraire, mais ces masques ne trouvent plus preneurs et certaines des usines qui en produisent sont au bord du dépôt de bilan. Je pense en particulier à la Coop des masques créée en janvier dernier pour répondre à la pénurie de production française. Si nous souhaitons garder nos industries chez nous, nous devons leur garantir des débouchés. Sur ce point, l'État a une véritable responsabilité et dispose, j'en suis convaincu, de leviers d'action. Les fabricants souhaitent que les appels d'offres ne reposent pas sur le seul critère des prix mais prennent en compte la qualité, la sécurité d'approvisionnement et l'aspect environnemental.

Une autre problématique se pose à nous : le recyclage des masques. Des solutions locales existent pour améliorer leur collecte voire trouver des débouchés. Reste désormais à les généraliser pour qu'un système de recyclage national performant soit mis en place. Le Président de la République avait promis, au lendemain de la première vague du covid, des « mécanismes de planification, de financement et d'organisation de la résilience industrielle française en matière de santé ». Aujourd'hui, il est nécessaire de concrétiser cette ambition non seulement en matière de gestion des masques mais, plus largement, pour l'ensemble des produits essentiels à notre indépendance sanitaire. En effet, la crise nous a montré qu'il nous faut continuer à produire dans notre pays, sur notre continent. Nous ne devons pas dépendre de pays étrangers pour notre approvisionnement en produits essentiels à notre pérennité. Il nous faut retrouver une vision stratégique de la chaîne de valeur.

Pour finir, je tiens à remercier le groupe Les Républicains pour cette journée qui nous a permis de traiter d'un très grand nombre de sujets qui font l'actualité et de nous remettre tous à jour – personnellement, j'avais décrit exactement ce qui pouvait se passer dans un livre publié six mois avant la crise de la covid-19.

Le groupe Libertés et territoires votera en faveur de cette proposition de résolution.

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