Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 15h00
Lutte contre la disparition des abeilles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Au vu de la présente proposition de résolution, il est clair que le Républicain n'est pas là dans son habitat naturel… Il est égaré en terre inconnue. Il faut donc aller sur le terrain de l'écologie petit à petit, un pied après l'autre, pour ne surtout pas le brusquer.

La présente proposition de résolution se donne pour ambition de lutter contre la disparition des abeilles, mais attention, mollo ! Je me réjouis que tous les députés s'apprêtent à adopter le présent texte, mais sachant qu'il y a un an pile, ils avaient voté majoritairement pour le retour des pesticides tueurs d'abeilles, il y a là une incroyable hypocrisie !

La proposition de résolution invite donc le Gouvernement à déclarer la sauvegarde des abeilles « grande cause nationale 2022 ». Commode. Si l'on en juge par le sort réservé à l'égalité entre les femmes et les hommes, grande cause du quinquennat, on peut supposer que le Gouvernement ne fournira ni engagement particulier, ni moyens supplémentaires.

Petit à petit, vous dis-je !

Le texte encourage le Gouvernement à réfléchir à l'élaboration d'un plan de lutte national contre le frelon asiatique : vous l'invitez aimablement à penser, vous lui suggérez une idée, vous stimulez son imagination – mais le contraindre, ça, jamais !

Vous êtes, collègues, attachés à la comparaison du réel et de la nature avec une valeur marchande, au prétexte que l'homme disposerait de ce qui l'entoure comme d'une chose. Selon cette logique, la pollinisation des abeilles est traduite en valeur chiffrée : 130 milliards d'euros chaque année, vous rendez-vous compte ? Sans ce calcul, nous n'aurions pas saisi l'ampleur de la catastrophe, l'effondrement de la biodiversité ne justifiant pas en elle-même une alerte… Vous nous dites, en somme, que se priver des abeilles revient à se priver d'un juteux pactole.

Attendez quelques secondes : un plan de sauvegarde des abeilles ? C'est étrange, je ne crois pas me souvenir d'une mobilisation fougueuse, dans les rangs des Républicains, à l'occasion du vote qui réautorisait l'usage des pesticides tueurs d'abeilles : la plus grande partie de votre groupe s'était prononcée en faveur de ce projet de loi – sans même parler de la majorité macroniste, qui l'avait massivement accepté.

Il est cependant particulièrement savoureux de vous voir ainsi donner une leçon d'écologie au Gouvernement. J'ignore ce qui est le plus honteux pour la Macronie : est-ce d'avoir contribué à détruire nos écosystèmes en réautorisant les pesticides tueurs d'abeilles, dangereux pour la qualité des sols et de l'eau et pour la santé humaine, dans un contexte où 37 % des colonies d'abeilles ont été décimées en quelques années au sein de l'Union européenne, et où 85 % de nos cultures sont mises en péril en l'absence de pollinisateurs ?

Non, je ne sais pas quel est le plus honteux entre cela et le fait que c'est maintenant le groupe Les Républicains qui rappelle aux néolibéraux qu'il faut sauvegarder la biodiversité. Ne le prenez pas personnellement, collègues, mais reconnaissez qu'à part inscrire la protection de l'environnement dans la Constitution, vous n'avez pas spécialement opéré votre mue écologique.

Nous partageons au moins une intuition : il est nécessaire de protéger la biodiversité. En revanche, ce que vous omettez soigneusement de dire, c'est que l'agriculture intensive utilise largement les pesticides, et contribue ainsi à la surmortalité des abeilles : une tonne de néonicotinoïdes peut tuer 150 000 milliards d'abeilles. Ce type d'agriculture favorise la monoculture,…

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