Intervention de Meyer Habib

Séance en hémicycle du lundi 28 juin 2021 à 16h00
Respect des principes de la république — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

…j'ai la conviction que se situe là notre grand défi français. Oui, dans leur majorité, les Français musulmans sont des citoyens ordinaires qui respectent les lois ; ils ont le droit de croire, de prier, de pratiquer leur religion. Hélas, une minorité significative de musulmans considère que la loi islamique, la charia, doit primer. Selon un sondage réalisé par l'IFOP en novembre 2020, 57 % des jeunes musulmans estiment que la charia doit primer.

Depuis une vingtaine d'années, nous assistons à un assaut systématique contre les idéaux républicains dans les services publics, les hôpitaux, les communes et les écoles. C'est pourquoi notre groupe propose d'étendre l'obligation de neutralité aux employés d'organismes de droit privé participant directement ou indirectement au service public.

Si le terrorisme jihadiste est visible, l'islam politique est plus pernicieux : il ronge nos fondements communs et pratique la taqiya, la dissimulation, dans un but de reconquête. L'islam politique est un phénomène multiforme qui emprunte plusieurs visages et qui fait mal à l'islam. Il ne s'agit pas seulement d'idéologie. L'islam politique participe de cet ensauvagement de certains quartiers sur fond de haine de la France, de racisme anti-Blanc – oui, de racisme anti-Blanc –, et, comme toujours hélas, d'antisémitisme sur fond de détestation d'Israël. Notre avenir commun passe par la reconquête de ces territoires perdus de la République. Ce n'est pas un hasard si ce texte trouve aussi sa source dans cette tragédie typiquement française que fut le meurtre atroce de Samuel Paty. Qui peut l'oublier ici ?

Au cours des dernières années, nous avons adopté une quinzaine de lois contre le terrorisme. J'ai moi-même participé à cinq commissions d'enquête. Ce projet prévoit de réelles avancées même si, à mon sens, il reste parfois un peu timide. Je ne doute pas de la détermination du Gouvernement et du ministre de l'intérieur, mais ce texte nous offre peut-être la dernière chance de nous doter d'une véritable république de combat.

Alors que le procès des attentats de janvier 2015 s'est achevé il y a quelques mois, des milliers de personnes se revendiquent toujours plus Kouachi que Charlie. Quelle tristesse ! Quel échec ! Des jeunes qui sifflent La Marseillaise, qui refusent les minutes de silence et qui piétinent le drapeau français ! Non, ce texte ne stigmatise personne : ces irresponsables se stigmatisent eux-mêmes et font en sorte de stigmatiser leur religion. Le pire est qu'ils inversent les rôles. Trop longtemps, mes chers collègues, nous avons reculé devant l'islam politique qui avance inexorablement. La réponse doit être globale et efficace. C'est ce que nous espérons de la deuxième lecture de ce texte.

Je voudrais évoquer pour finir le moment le plus difficile de ma vie : le jour où j'étais assis dans un avion aux côtés d'Eva Sandler, cette femme qui, en 2012, avait vu tuer à bout portant sous ses yeux ses deux enfants, sa nièce, la petite Myrian Monsonégo, et son mari. Nous partions les inhumer à Jérusalem. Alain Juppé était assis derrière moi. À un moment donné, Eva Sandler a craqué. Elle a pleuré. Toute ma vie, je me souviendrai de son regard, de cet enterrement de petits corps. Aujourd'hui, cette femme n'est qu'amour, elle ne hait personne, elle ne veut aucune vengeance : elle est d'une immense dignité.

C'est à ces gens-là que je veux penser, à ces victimes, à la famille de Samuel Paty, à la famille de ces enfants qui sont morts un 14 juillet alors qu'ils regardaient, émerveillés, un feu d'artifice sur la Promenade des Anglais à Nice – ils étaient d'ailleurs de toutes origines. C'est à eux que je veux penser, aux journalistes qui faisaient leur travail, à ces gens qui faisaient leurs courses dans un supermarché, à ces policiers.

Si ce texte permettait d'éviter un seul attentat, un seul mort, une seule famille en deuil, alors il aura atteint son objectif. Telle est mon intime conviction. Voilà pourquoi notre groupe votera pour ce projet de loi, sans la moindre hésitation.

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