Intervention de Brigitte Klinkert

Séance en hémicycle du jeudi 6 mai 2021 à 15h00
Revenu de solidarité active pour les jeunes de 18 à 25 ans — Après l'article 2

Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l'insertion :

Monsieur le rapporteur, je vous remercie à nouveau de mettre en lumière la question essentielle de l'accompagnement et du soutien aux jeunes sortis de l'ASE et de partager le témoignage de Lucas. J'y suis particulièrement sensible et c'est l'honneur de notre société que de donner plus à ceux qui ont moins. Nos jeunes sortis de l'ASE sont en droit de l'exiger de nous.

Avec cet amendement, vous souhaitez accorder le RSA au jeune majeur en sortie d'aide sociale à l'enfance. Nous partageons votre constat : les jeunes sortis de l'ASE sont bien souvent dans une situation de vulnérabilité particulière et rencontrent des difficultés particulières.

Pour permettre d'améliorer l'accès à l'autonomie et de renforcer l'accompagnement vers l'insertion, plusieurs leviers ont été progressivement mis en place, notamment les protocoles partenariaux pour l'accès à l'autonomie et l'organisation d'un entretien pour préparer un projet d'autonomie rendus obligatoires par la loi du 14 mars 2016, le renforcement du lien entre les acteurs de l'insertion et l'ASE, prévu dans le cadre de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté et l'accord-cadre que nous avons signé en novembre dernier avec mon collègue Adrien Taquet.

Cet accord-cadre réunit l'État, les acteurs de la protection de l'enfance et l'Union nationale des missions locales (UNML). En particulier, les conseillers des missions locales rencontrent désormais chacun des 15 000 jeunes qui sortent chaque année de l'aide sociale à l'enfance, souvent au sein de l'établissement où ils vivent et en compagnie de leur éducateur, qui représente un fil rouge avant la majorité.

Pour lutter contre les inégalités de destin, nous voulons donner plus à ceux qui ont moins et accompagner davantage ceux qui ne peuvent pas compter sur l'appui de leur famille.

Enfin, les majeurs sortants de l'ASE constituent un public prioritaire dans le cadre de l'extension de la garantie jeunes. Les missions locales, acteurs reconnus de l'insertion des jeunes, sont à même de leur apporter un accompagnement adapté à leurs attentes. C'est bien en créant les conditions d'une meilleure insertion sociale et professionnelle que nous les aiderons au mieux.

L'âge de 18 ans devrait être une étape positive pour tous nos jeunes, celle de l'autonomisation, de la construction de sa voie, de l'engagement dans la vie adulte. Malheureusement, pour bien des jeunes sortis de l'ASE, comme Lucas, c'est souvent une étape redoutée, marquée par un effacement du soutien et du cadre de l'aide sociale. C'est donc en les accompagnant avant leur majorité que nous serons le plus utiles. C'est en favorisant un meilleur accès à la garantie jeunes que nous permettrons leur insertion sociale et professionnelle.

Outre le contrat jeune majeur, les jeunes issus de l'aide sociale à l'enfance, tels que Lucas, ont accès, comme tous les jeunes, sous conditions de ressources, aux bourses sur critères sociaux qui peuvent atteindre 567,90 euros maximum, soit un montant supérieur au RSA, ainsi qu'aux différentes aides au logement.

Sur une question aussi importante et aussi complexe que celle de l'avenir de nos jeunes sortis de l'ASE, je crois que nous devons entendre les nuances et surtout sortir des postures. Mon avis défavorable à votre amendement ne doit donc pas être compris comme une marque d'insensibilité du Gouvernement au sort de ces jeunes.

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