Intervention de David Corceiro

Séance en hémicycle du jeudi 6 mai 2021 à 9h00
Revenu de solidarité active pour les jeunes de 18 à 25 ans — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavid Corceiro :

La proposition de loi dont nous débattons vise à ouvrir le bénéfice du revenu de solidarité active à partir de 18 ans. Ce n'est pas la première fois que nous sommes amenés à nous prononcer sur ce sujet, car le groupe Socialistes et apparentés avait formulé en février dernier une proposition similaire, quoiqu'un peu plus étayée.

Nous ne pouvons concevoir d'enfermer notre jeunesse dans une voie sans issue qui accorderait une prestation sans aucune perspective d'évolution et sans un accompagnement digne de ce nom. Un système qui octroierait un revenu à 18 ans sans condition et quoi qu'il arrive n'est pas une bonne solution pour notre jeunesse. Si le RSA était un sésame pour sortir de la précarité, nous le saurions depuis longtemps. Or il faut se rendre à l'évidence : ce dispositif n'offre pas de perspectives à long terme, et c'est bien de telles perspectives que la jeunesse a besoin.

Nous vous avons trop entendu nous dire que, parce que nous nous opposons à cette proposition, nous ferions fi des difficultés auxquelles une partie de la jeunesse doit faire face. C'est un argument trop facile à défendre, lorsqu'on siège dans l'opposition ! Notre majorité, aux côtés du Gouvernement, s'évertue à proposer des solutions concrètes à cette génération des 18-25 ans, qui subit de plein fouet les dommages collatéraux de la pandémie. Le plan « 1 jeune, 1 solution », abondé à hauteur de 9 milliards d'euros, porte ses fruits depuis l'été dernier, puisqu'il a permis la signature de plus de 500 000 contrats d'apprentissage et d'un million et demi de CDD et CDI.

De plus, le modèle de la garantie jeunes répond beaucoup plus précisément à la double ambition de soutien financier et d'accompagnement. Dès 16 ans, le montant alloué se rapproche très sensiblement de ceux octroyés par le RSA. Ce modèle est plus complet qu'un simple RSA qui serait proposé sans condition. Le dispositif de la garantie jeunes donne droit à un accompagnement concret et ouvre des perspectives réelles d'avenir : 200 000 places sont ouvertes en 2021, et encore plus dans les prochains mois, puisque le Gouvernement souhaite élargir ce dispositif vers une garantie jeunes universelle. Il est nécessaire que sa mise en œuvre soit rapide, afin d'offrir à chaque jeune l'accompagnement personnalisé qu'il mérite, tout en lui offrant des ressources suffisantes.

Avec cette proposition de loi, vous jonglez avec les espoirs de la jeunesse et les faux messages d'encouragement. Monsieur le rapporteur, vous pouvez toujours laisser croire à l'opinion publique ou faire des vidéos laissant à penser que rien n'est fait pour les plus précaires et que cette majorité ne se soucie que des plus aisés, mais ce subterfuge ne résiste pas à l'épreuve des faits et des chiffres. Depuis plus d'un an, un nombre considérable de dispositifs est mis en œuvre pour aider notre jeunesse dans toutes les difficultés qu'elle peut rencontrer. Sur le plan de l'accompagnement financier, des efforts réels ont été accomplis, comme la prime d'activité renforcée, un montant de 7 milliards d'euros supplémentaires pour l'insertion des jeunes, la revalorisation et l'élargissement des aides au logement et à l'installation, ou les 250 000 missions de service civique qui permettent de s'engager pour les autres tout en percevant une indemnité de 473 à 580 euros par mois.

Le RSA jeune est une fausse bonne idée, qui ne répond pas à la volonté de donner un avenir meilleur à notre jeunesse. Nous devons faire mieux. Ce que nous vous proposons, c'est une indemnité mensuelle pour les jeunes, qui accompagne une formation, un parcours d'insertion, un engagement et, surtout, un avenir.

Vous qui vous offusquez à longueur de temps du jacobinisme et du centralisme parisien, avez-vous seulement consulté les départements sur une telle proposition ? Je rappelle en effet que ce sont ces collectivités qui sont les financeurs et gestionnaires du RSA. Or un tel élargissement du champ des bénéficiaires aurait des conséquences très fortes sur les ressources humaines et financières des départements. Je suis heureux d'apprendre aujourd'hui que tous vos candidats aux élections départementales soutiendront ce dispositif.

Pour terminer, je citerai une jeune Valoisienne, Marine, qui m'expliquait que ce n'étaient pas toutes les aides dont elle avait bénéficié qui l'avaient aidée à trouver un emploi, à recevoir plus de considération ni, surtout, à avoir un avenir meilleur.

Pour l'ensemble des raisons que je viens d'exposer, le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés n'apportera pas ses suffrages à cette proposition de loi, qui est l'opposé d'une politique sociale efficace.

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