Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 7 septembre 2021 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire dans les outre-mer — Après l'article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

…je tiens à réaffirmer avec force – c'est pourquoi je souhaite que vous répondiez à ces amendements très importants – que la première mesure sanitaire à prendre est non de restreindre les libertés, mais de garantir le droit à l'eau et à l'assainissement.

Or, vous le savez, le droit à l'eau est bafoué en outre-mer, ce dont nos concitoyens et concitoyennes sont les premières victimes. Comment voulez-vous freiner la propagation d'un virus lorsque vous ne pouvez pas vous laver les mains, lorsque vous n'avez pas accès à l'eau chez vous ?

Dans le cadre de la commission d'enquête que j'ai mentionnée et dont Olivier Serva était le rapporteur, nous avons mené de nombreuses auditions sur cette question. À Mayotte, objet de l'amendement n° 28 , où la situation est certainement la plus grave de toute la République, 31,5 % des familles n'ont pas l'eau courante. Et quand elles l'ont, les familles mahoraises consacrent en moyenne 17 % de leur budget pour honorer leur facture d'eau, sachant que 90 % de la population de l'île vit sous le seuil de pauvreté. Quatre logements sur dix sont en taule et 57 % des logements sont surpeuplés.

À La Réunion, sur laquelle porte l'amendement n° 26 , la ressource en eau est abondante, mais souffre d'un très grave problème de qualité : 46 % des usagers réunionnais sont alimentés par des réseaux qui ne garantissent pas une sécurité sanitaire suffisante et 5 % ont accès à une eau présentant des risques sanitaires avérés.

Quant à la Martinique, dont traite l'amendement n° 27 , en plus de l'empoisonnement au chlordécone, des restrictions et de coupures d'eau tournantes font le quotidien des habitants.

Tout à l'heure, le président Mélenchon a dit qu'il fallait rénover d'urgence les réseaux d'eau et d'assainissement. Il a raison ! En France, la consommation annuelle de 18,5 millions d'habitants part en fuites, ce qui non seulement constitue un énorme gaspillage d'eau, mais bafoue la dignité de tant de nos concitoyens et concitoyennes, qui n'ont pas accès à l'eau du robinet.

Je terminerai là-dessus, monsieur le président. Il faut certes entreprendre des travaux de rénovation, mais la première mesure à prendre, lorsque l'état d'urgence sanitaire est déclaré, c'est, au minimum de déclencher le plan ORSEC eau potable, qui permet de distribuer des bouteilles d'eau potable aux populations qui n'ont pas accès à l'eau courante.

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