Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du lundi 27 novembre 2017 à 21h30
Promotion des symboles de l'union européenne — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

Comment pourrait-elle tirer son épingle du jeu face à une compétition mondiale marquée par le basculement du centre du monde vers les pays émergents ?

Laisser l'Europe sombrer, ce serait donc se résoudre à laisser la France couler avec. C'est pourquoi je suis heureux que cette proposition de résolution soit pour nous l'occasion d'avoir ce débat essentiel. Cela permettra enfin de ne pas laisser le monopole de la critique de l'Europe à ceux qui attendent sa dislocation, comme c'est trop souvent le cas, mais d'assumer cette critique. En effet, nous pensons que l'Europe est une question de volonté et que c'est en portant un regard lucide et exigeant sur ses faiblesses que nous pourrons poursuivre l'oeuvre des pères fondateurs.

Nous ne sommes pas des adorateurs béats de l'Europe telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, contrairement à ce que vous voudriez faire croire à chaque extrémité de cet hémicycle. Nous en sommes conscients, notre génération s'est trop longtemps contentée de gérer et d'administrer l'Europe. L'époque exige plus, car l'existence même de notre civilisation est en péril. C'est pourquoi nous ne voulons pas d'une Europe technocratique et tatillonne qui s'affaiblisse en s'élargissant encore, mais d'une Europe qui approfondisse son projet.

Nous voulons une Europe qui protège ses citoyens contre les dérives de la mondialisation, en parvenant à l'harmonisation sociale ; pas une Europe qui les expose à toujours plus de précarité et de chômage. Nous voulons une Europe qui garantisse à nos entreprises qu'elles lutteront à armes égales avec leurs concurrentes étrangères ; pas une Europe des travailleurs détachés. Il faut souligner à ce propos que l'engagement du Président de la République marque un pas en avant.

Nous voulons une Europe qui préserve nos modèles sociaux de l'implosion, parce qu'elle sait faire respecter ses frontières ; pas une Europe passoire. Nous voulons une Europe démocratique, transparente, qui rend des comptes ; pas une Europe qui impose des décisions aux peuples dans le secret des conclaves entre puissants.

Pour cela, je suis profondément convaincu que nous devons associer les peuples à une refonte du projet européen. En réaction au Brexit, l'an dernier, j'avais proposé qu'une consultation citoyenne soit lancée dans toute l'Europe et que chaque Parlement national fournisse une contribution à ce débat européen. Je me réjouis que le Président de la République ait annoncé la tenue de conventions démocratiques.

Je souhaite, pour ma part, que la feuille de route qui sera fixée permette enfin de doter l'Europe d'un président élu au suffrage universel – depuis trop longtemps, elle se construit sans les peuples, voire contre les peuples.

Je souhaite également que nous définissions enfin des priorités pour l'Europe. J'en vois plusieurs : la mise en place d'un gouvernement économique de la zone euro et la possibilité pour elle de recourir à l'emprunt pour l'investissement ; le renforcement des mécanismes de solidarité européens pour les pays en difficulté et de la politique d'aide au développement, notamment en direction de l'Afrique ; l'implication des parlements nationaux dans la construction du budget européen, et vice-versa ; un vrai traité sur la sécurité interne et externe, comme nous avons été capables de le faire sur la question monétaire ou dans le domaine de l'éducation ; une renégociation des accords de Schengen via un accord intergouvernemental.

Enfin, pour que ce projet aboutisse, il devra s'adresser en priorité à la jeunesse, sans laquelle l'Europe ne pourra jamais se relever. Il devra raviver la lueur blême de tout ce que nous avons en partage, de cette connaissance silencieuse de notre place singulière dans le monde, de cette culture et de ce patrimoine à nul autre pareil, afin que l'Europe prenne conscience qu'elle est avant tout une civilisation.

J'ai la conviction que nous pouvons y parvenir et j'y mettrai toute mon énergie. Je le ferai parce qu'une Europe plus forte, ce sera une France plus forte. Telle est la raison pour laquelle il est plus que jamais nécessaire que le drapeau européen soit dans cet hémicycle. Pour toutes ces raisons, notre groupe votera cette proposition de résolution.

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