Intervention de Sébastien Peytavie

Séance en hémicycle du jeudi 23 novembre 2023 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Peytavie :

Mais nous ne sommes pas dupes : ce saupoudrage de mesures bénéfiques sert avant tout à maquiller un budget qui ne répond pas aux besoins. Vous demeurez toujours aussi allergiques à toute mesure d'investissement dans la santé. Chez vous, toute annonce d'augmentation des moyens dissimule, au mieux, une stagnation des dépenses, au pire, un budget incapable de compenser l'inflation.

Ce n'est pas faute d'avoir formulé des propositions ambitieuses pour doter notre sécurité sociale d'un budget décent. Toutes ont été systématiquement – pour ne pas dire frénétiquement – rejetées : la contribution sur les superprofits de la grande distribution, de l'agroalimentaire et du secteur pharmaceutique ? Balayée d'un revers de main ! La création d'une équipe mobile de diagnostic et de soin en santé environnementale ? Enterrée !

Les Restos du Cœur ont annoncé qu'ils refuseront du monde cet hiver ; nous venons de subir deux catastrophes naturelles en dix jours en Bretagne et dans le Nord ; des médecins reconnaissent être obligés de réanimer des bébés dans les couloirs faute de place. Tout cela montre bien que nous sommes aujourd'hui à un point de bascule. Alors que les besoins augmentent mais que les moyens ne suivent pas, la situation n'est pas viable financièrement, et elle met même en péril notre système de soin et ses bénéficiaires. Alors, monsieur le ministre, soyez honnête : un tel budget améliorera-t-il cette situation ? Pas en l'état.

Si vous faisiez de la santé la boussole de nos politiques publiques, vous vous seriez opposé au renouvellement de l'utilisation du glyphosate, qui contamine aussi bien les terres que nos poumons.

Si vous faisiez de la santé la boussole de nos politiques publiques, vous n'iriez pas faire la chasse aux arrêts de travail au mépris des causes structurelles à l'origine de leur augmentation.

Si vous faisiez de la santé la boussole de nos politiques publiques, vous n'iriez pas donner un avis de sagesse à la droite et à l'extrême droite pour détruire ce qu'il reste de l'aide médicale de l'État, quitte à mettre en danger la santé des plus vulnérables, mais aussi de toute la population. Il est assurément plus simple, et surtout plus lâche, de céder aux lubies racistes de l'extrême droite en montant les plus précaires les uns contre les autres, plutôt que de prendre la responsabilité de garantir l'accès de tous à la santé. Cette lâcheté, qui s'accompagne d'un profond mépris pour la représentation nationale, encourage un rejet massif de nos institutions.

La foi en notre système politique et en la démocratie s'amenuise à mesure que votre gouvernement échoue avec brio à améliorer concrètement la vie des gens et à apporter des réponses concrètes à l'inflation, à l'accroissement des inégalités et au changement climatique. Ce projet de loi de financement de la sécurité sociale, faussement soumis à notre approbation, est à l'antithèse de cet horizon désirable pour préserver la santé humaine.

Si j'ai insisté récemment pour parler de prise en soin et en accompagnement et non de prise en charge, c'est parce que, si pour vous s'occuper des anciens ou des malades chroniques est une charge dont il convient de contrôler le coût, pour nous c'est une responsabilité et un devoir d'humanisme et de solidarité qu'une véritable société de la pleine santé doit prendre en compte.

Face à la contamination des sols, de l'eau et de l'air, qui chaque jour mettent davantage en péril notre santé, nous ne pouvons nous contenter de demi-mesures. Car de la même manière qu'il n'y a pas de planète B, nous n'avons qu'une seule santé. Il faut donc révolutionner la protection sociale, qui doit prendre en compte aussi bien la santé de notre environnement que celle de la population. Or, en nous présentant ce budget, ou plutôt en nous l'imposant, ce n'est plus le coche que vous avez raté, mais le plus grand défi de notre millénaire.

Le groupe Écologiste ne se tiendra pas plus à vos côtés qu'en première lecture.

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