Le continent africain est, pour la commission que je préside, une source d'attention constante et un sujet d'intérêt fondamental. Ne serait-ce que dans les dernières semaines, la commission des affaires étrangères a adopté pas moins de quatre rapports qui traitent, dans divers contextes, d'enjeux touchant à la relation de la France avec ce continent ou avec les pays qui en font partie.
Ainsi, le 8 novembre, la commission a adopté un rapport d'information, rédigé par Michèle Tabarot et Bruno Fuchs, sur les relations entre la France et l'Afrique. En plus de contenir un vocabulaire renouvelé et de nombreuses initiatives souvent bienvenues, ce rapport important appelle à l'établissement d'une offre stratégique plus horizontale avec les pays africains.
Dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024, plusieurs rapporteurs pour avis de notre commission ont établi leurs rapports en portant un regard spécifique sur certains enjeux de notre relation avec l'Afrique. J'en distinguerai trois. L'avis d'Élise Leboucher sur la mission "Aide publique au développement " est ainsi largement revenu sur l'enjeu – dont vous reconnaîtrez le caractère fondamental – que représente la santé maternelle et infantile dans les pays prioritaires de l'Afrique subsaharienne. L'avis d'Estelle Youssouffa sur l'action audiovisuelle extérieure dans le cadre de la mission "Médias, livre et industries culturelles " et du compte de concours financier "Avances à l'audiovisuel public " a, pour sa part, souligné combien il est crucial, dans le contexte d'une mise en cause multiforme de l'audiovisuel extérieur français, de le doter des outils propres à conforter le lien de confiance avec les publics africains. Enfin, l'avis de Frédéric Petit sur le programme 185, Diplomatie culturelle et d'influence, s'est attardé sur la dimension culturelle de la coopération avec l'Algérie. Relevant les attentes prononcées de la jeunesse algérienne en matière de culture, de francophonie, de mobilités étudiantes et d'échanges économiques, notre collègue a souligné que nous – Algériens comme Français – n'avions pas le droit de les décevoir.
Lors de mes propres déplacements en Côte d'Ivoire et au Sénégal, j'ai pu observer que la voix de la France, malgré toutes les difficultés que nous rencontrons, continue de porter avec force.
M'exprimant ici au nom de la commission des affaires étrangères, je ne parle ni en mon nom propre, ni au nom de mon groupe politique ; je crois tout de même possible d'affirmer que la politique africaine de la France doit poursuivre la triple révolution qu'elle a engagée. Cette révolution réside d'abord dans un changement de périmètre, car ce n'est pas seulement notre traditionnel pré carré hérité de l'époque coloniale, mais bien l'ensemble de l'Afrique qui doit mobiliser notre attention et notre action. Du Nigéria à la République du Congo, du Mozambique à la République d'Afrique du Sud, les grands acteurs de l'Afrique d'aujourd'hui et de demain n'ont pas, à ce jour, fait l'objet d'un investissement intellectuel et politique suffisant de notre part.
La deuxième révolution est celle des enjeux, car, comme le souligne le chef de l'État, la coopération économique, écologique, technologique et démocratique doit, bien davantage que les affaires militaires, être au cœur de notre relation future avec l'Afrique. Cela exige de notre part des investissements relationnels et cognitifs autrement plus massifs que ceux auxquels nous nous sommes habitués, voire résignés.
Enfin, il nous faut accomplir une révolution partenariale. À l'antique relation d'une puissance coloniale qui n'est plus et de ses anciens protégés se substitue progressivement le dialogue de deux continents trop proches pour n'être pas solidaires et trop engagés dans la création d'un avenir commun pour ne pas nouer une relation égalitaire.
Le XXI