la francophonie est « un mode de pensée et d'action » ; c'est un canal naturel de dialogue et d'échanges pour les pays ayant le français en partage, ce qui concerne tout de même près de 300 millions d'hommes et de femmes à travers le monde, dont beaucoup vivent sur le continent africain.
La francophonie est essentielle vu ce qu'elle apporte au monde en termes de préservation de la diversité culturelle et linguistique, mais elle doit apparaître aussi comme directement utile à la jeunesse africaine.
Au-delà de la langue, qui doit bien sûr servir à promouvoir les coopérations éducatives, scientifiques, universitaires et techniques, la francophonie devra être la base du développement d'une véritable union francophone. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'en présenter les grandes lignes durant la campagne présidentielle avec, entre autres, un volet économique et financier comportant la création d'une banque de développement de la francophonie, à laquelle serait adjointe une agence francophone de promotion de l'industrialisation en Afrique. Cette dernière pourrait notamment relancer l'initiative d'électrification de l'Afrique, prise il y a quelques années par Jean-Louis Borloo.
À plus court terme, je suis convaincue qu'il faut dépasser la notion d'aide publique au développement, dont le sens est étroitement budgétaire, pour redonner tout son lustre au concept de coopération. La coopération rénovée, c'est notamment la promotion des investissements pour aider l'Afrique à réussir son industrialisation et sa montée en gamme technologique et productive. Pour l'aider dans cette voie, il manque à la France un ministère de la coopération, qui assurerait la tutelle effective de l'Agence française de développement et donnerait des impulsions conformes à une loi d'orientation sur cinq ans.
Cette loi, qui devrait être votée après un large débat, devrait notamment avoir pour objectif de donner un avenir à la jeunesse africaine, sur le sol africain. Que les choses soient claires : l'avenir de la jeunesse africaine ne peut et ne doit pas être la migration. Il est urgent de mettre un terme à la situation mortifère que nous constatons depuis des années. Sur ce point, je reprends avec constance les mots que j'adressais aux Africains à N'Djamena, en 2017 : « Ceux qui partent sont souvent dynamiques et audacieux ; c'est la sève vitale de vos peuples qui s'échappe, alors que vous avez tant besoin d'eux pour relever les innombrables défis de l'avenir ! »