Or, pour comprendre les enjeux et être compréhensibles pour nos partenaires – bref, pour mener une politique étrangère digne de ce nom –, nous avons besoin d'experts. Cela nécessite de renforcer la formation aux relations bilatérales des diplomates, des agents de renseignement et des militaires, et non de procéder à une absurde réforme du corps diplomatique. Je note d'ailleurs que la question des moyens humains est assez longuement évoquée dans le rapport de nos collègues Fuchs et Tabarot.
Aujourd'hui peut-être même plus qu'hier, les enjeux communs que j'évoquais à l'instant et les sujets sur lesquels les intérêts de la France et ceux des pays africains convergent ne manquent pas : démographie, énergie, environnement, sécurité, et ainsi de suite. Devant une telle liste, l'absence de politique africaine revendiquée par le Président de la République apparaît comme une absurdité, une incongruité et, j'ose le dire, une faute politique.
Alors que le continent africain a dû faire face au choc de la pandémie, puis aux effets dévastateurs de l'inflation induite par la guerre en Ukraine et la désorganisation des marchés alimentaires, il est temps que la France renoue avec une politique africaine qui constituera le cadre des partenariats qu'elle proposera en toute transparence à ses amis africains. Cette politique devra répondre à une définition clarifiée de nos intérêts dans cette partie du monde, en particulier la prévention des migrations, la sécurisation de nos ressortissants, la dynamisation de la francophonie et le développement de nos échanges commerciaux, qui sont scandaleusement insuffisants – je rappelle que la zone franc n'absorbe que 0,6 % du commerce extérieur français.
Et puisque j'évoque la francophonie, permettez-moi de m'arrêter quelques instants sur ce sujet. La francophonie est l'autre grande réalité humaine qui doit structurer notre partenariat avec l'Afrique, car elle trouve sur le continent africain un cadre de développement naturel. À mes yeux, la francophonie n'est pas la roue de secours de l'influence française. Comme le disait Léopold Sédar Senghor ,