Nous devons donc partir des besoins réels en Afrique, en considérant de façon lucide tant les possibilités considérables du continent que les risques qu'elles recèlent. Le problème de bon nombre de pays africains, c'est d'abord la pauvreté et un déficit énorme en infrastructures de base – routes, ponts, énergie –, pour lesquelles nous sommes encore très loin du compte. Comme me le confiait un ami très qualifié issu de la diaspora sénégalaise en France, dans sa ville d'origine, les jeunes, privés de toute perspective économique, partent en Mauritanie en pirogues, puis tentent l'aventure vers la Libye ou le Maroc à destination de l'Europe, ou vers le Nicaragua, à destination des États-Unis. Rien ne les arrêtera tant que l'activité économique ne leur permettra pas de sortir d'une paupérisation insidieuse et d'exercer leur droit à ne pas migrer – oui, j'y insiste : leur droit à ne pas migrer !
Cet enjeu saute aux yeux de quiconque traverse le boulevard du Centenaire à Dakar, le poumon commercial de la ville, où des commerçants chinois emploient des jeunes sans qualification ni diplôme : cela améliore un peu la vie de ces Africains et donne une bonne image de la Chine, mais il n'en résulte pas de vraies perspectives structurantes à long terme pour le Sénégal. Notre coopération économique doit être prioritairement orientée vers des projets concrets, visibles, qui créent de l'emploi sur place. Il faut organiser la transformation locale des produits, puis aider à les commercialiser sur le marché européen, dont l'accès reste compliqué pour les importations africaines, qui font l'objet de barrières à l'entrée. L'action de la France doit, dès l'origine, intégrer pleinement les logiques européennes et les instruments de soutien au développement propres à l'Union, car c'est une attente importante des Africains : le partenariat avec la France est, pour eux, un point d'entrée dans l'Europe.
J'ajoute que le fait qu'il n'existe plus aucune chasse gardée de la France en Afrique est bon pour nous comme pour les Africains. Cela oblige nos entrepreneurs à proposer des projets d'excellence. Lorsque nous savons nous montrer attentifs à l'autre et soucieux de construire des relations durables, le savoir-faire français est bien accueilli en Afrique, car nous avons la langue française et une histoire commune en partage. De Digital Africa à Choose Africa et bientôt Choose Africa 2,…