Pourtant, c'est exactement ce que nous avons vu au Proche-Orient avec les annonces improvisées du chef de l'État, qui ont surpris tout le monde, y compris vous, madame la ministre, monsieur le ministre, et nos alliés. Le Président de la République a finalement dû faire machine arrière, ce qui est catastrophique pour l'image de la France.
Je le dis sans détour : il faut aérer la politique étrangère et ouvrir le domaine réservé pour en faire un domaine partagé. Le Parlement y a toute sa place, comme le démontrent les échanges de ce jour. Nous avons une vision et des propositions. Notre contribution à la politique étrangère pourrait être bien plus importante.
Puisque nous parlons de nouveaux partenariats avec l'Afrique, le groupe Les Républicains est convaincu qu'il faut mener de profondes réformes pour renforcer les synergies. L'ensemble des acteurs doivent désormais agir au service de notre diplomatie d'influence. Cela paraît évident, mais ce serait une vraie révolution s'agissant de la France : ces connexions se font trop peu aujourd'hui.
Voilà pourquoi nous voulons une réforme de l'Agence française de développement (AFD). Il faut lui redonner un véritable pilotage politique, comme le réclame la Cour des comptes. Il faut aussi que son action soit visible. Il n'est plus possible que la France soutienne des projets sans que son action soit reconnue ou valorisée. Quel autre pays l'accepterait-il ? Nous voulons aussi que nos ambassadeurs aient plus de moyens pour soutenir des projets qui touchent directement les populations, à l'image des actions menées par d'autres représentations étrangères. Nos ambassadeurs doivent retrouver un rôle central et devenir les véritables chefs de file de l'équipe de France à l'étranger. Il faut aussi mieux les préparer : inspirons-nous des États-Unis, qui forment leurs diplomates pendant des semaines avant de les envoyer en Afrique.
J'en viens à notre offre stratégique et militaire. Je tiens à redire que la présence française n'a jamais été imposée. Nous sommes présents, dans les pays qui le souhaitent, sur la base de partenariats renforcés. En effet, ceux-ci doivent être rénovés, car nous sommes dans une compétition acharnée face à des concurrents qui n'ont pas toujours les mêmes valeurs que nous. Comme vient de le confirmer M. le ministre, le ministère des armées travaille à identifier les attentes de nos partenaires. C'est une démarche clé pour adapter notre catalogue. Elle doit se doubler d'une vraie réflexion sur l'offre de notre base industrielle et technologique de défense (BITD) face à la concurrence de matériel bon marché, par exemple venu de Turquie. J'espère que nous pourrons en reparler bientôt, car c'est un élément majeur de notre présence sur le continent africain.
Je pourrais évoquer bien d'autres sujets : la coopération technique, scientifique et humanitaire et l'erreur fondamentale de la diminution sensible du nombre de coopérants sur le terrain ; notre réseau culturel et la diminution du nombre de nos écoles en Afrique ; l'affaiblissement de la francophonie, laquelle est pourtant un atout considérable ; la nécessité de développer des écosystèmes favorables à l'implantation des entreprises françaises, notamment dans des pays où nous avons un vrai potentiel de développement.
Toutefois, pour clore cette liste de propositions, je voudrais parler de notre communication. La capacité à valoriser nos actions et à répondre aux attaques est le corollaire indispensable de toute stratégie d'influence. Nous le voyons particulièrement s'agissant du continent africain. Nos ambassades et nos services doivent avoir les moyens de mieux communiquer et de mieux lutter contre la désinformation. Quant à nos médias publics, ils ne peuvent pas relayer à longueur de journée des messages haineux contre la France sans montrer également d'autres points de vue. Ils sont libres de décider de leur ligne éditoriale, mais ils doivent avoir conscience qu'en Afrique, ils sont vus comme des médias d'État. À travers eux, c'est la voix de la France qui est perçue.