Je tiens à saluer les travaux importants, notamment le cycle d'auditions sur l'Afrique, initiés par la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée sous l'égide de son président Thomas Gassilloud. À l'issue de ce cycle, je me suis engagé à revenir devant la commission en début d'année prochaine.
La réarticulation entreprise depuis le début de l'année vise à renforcer l'attractivité de notre offre et la solidité de nos partenariats avec les États africains qui le souhaitent en répondant aux grandes évolutions du moment dans un environnement beaucoup plus compétitif qu'auparavant. Avant de vous la présenter plus en détail, je souhaite vous exposer l'état actuel de notre présence militaire sur le continent africain.
L'action de la France s'appuie sur deux grandes familles de forces de présence. Nous disposons, tout d'abord, de deux pôles de coopération au Sénégal et au Gabon. Ces bases, qui disposent d'éléments prépositionnés depuis l'indépendance de ces pays et la conclusion des premiers traités de défense, permettent l'accès à des infrastructures utilisables à des fins militaires et proposent de nombreuses formations à nos partenaires, ainsi qu'à d'autres pays situés à proximité. Les armements y sont très limités et servent essentiellement, voire exclusivement, à la formation.
Nous nous appuyons, ensuite, sur des bases militaires disposant de capacités opérationnelles. Je pense aux forces prépositionnées en Côte d'Ivoire et à Djibouti. La base d'Abidjan regroupe un peu moins de 1 000 militaires et celle de Djibouti quasiment 1 500, qui se sont à nouveau illustrés lors de l'opération Sagittaire d'évacuation du Soudan. Qu'il me soit permis, là aussi, de leur rendre hommage.
Enfin, nous avons au Tchad et, jusqu'à cet été, au Niger, des bases d'une autre nature. Nos forces avaient vocation à agir sur demande, en soutien des forces armées locales, dans le cadre d'opérations antiterroristes précises. Elles ont contribué à freiner l'expansion de la menace et menaient également des actions de coopération et de formation des armées partenaires. Elles continuent de le faire au Tchad.
Ces capacités de projection depuis l'Hexagone sont par ailleurs renforcées par la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 que vous avez adoptée l'été dernier. Nous avions alors pris le temps de détailler cet aspect.
La France est donc présente aux côtés de ses partenaires africains, lorsqu'ils le souhaitent, pour mieux assurer leur sécurité et répondre à leurs demandes. Certains, comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Bénin et le Gabon, ont accompli une remarquable montée en puissance de leurs appareils de sécurité, qu'il s'agisse des services ou des forces armées, et remporté de belles victoires sur le terrain face aux groupes armés terroristes.
Par ailleurs, nous faisons évoluer notre accompagnement en renforçant notre offre de formation, nos capacités et notre réseau diplomatique de défense, soit des points essentiels.
En matière de formation, tout d'abord, les efforts ont porté sur nos capacités d'accueil en Afrique au sein des écoles militaires françaises, avec l'objectif de doubler les places disponibles. À la rentrée 2023, nous comptions une centaine de places supplémentaires, dès à présent attribuées à des sous-officiers et à des officiers africains. En 2022, près de 3 000 stagiaires africains sont passés par le réseau des écoles nationales à vocation régionale. Ainsi, 25 000 militaires africains ont été formés sur le continent depuis le début de l'année et 10 000 militaires français et africains suivent des entraînements conjoints pour se former ensemble aux défis sécuritaires d'aujourd'hui et de demain. Cela peut paraître anecdotique, mais nous poursuivrons ces missions communes, notamment pour tourner la page des réductions de capacités engagées depuis la moitié des années 1990 – nous y mettons enfin un terme !
Sur le plan capacitaire, ensuite, j'insiste sur notre volonté de mobiliser davantage les industriels et les équipementiers, volonté dont j'ai fait part il y a peu de temps à la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée. L'objectif est de fournir à nos partenaires africains un accompagnement capacitaire moderne, mais adapté à leurs besoins, qu'il s'agisse du prix ou de la nature des équipements, sans oublier les sauts technologiques attendus en matière de drones ou de cyberdéfense, qui concentrent d'importantes attentes.
Le délégué général pour l'armement s'est rendu à ma demande sur le continent – une première depuis 1961,…