Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du lundi 23 octobre 2023 à 16h00
Déclaration du gouvernement sur la situation au proche-orient

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Depuis ce terrible samedi 7 octobre, l'humanité a sombré dans l'horreur et la barbarie du terrorisme avec des actes de torture, des mises en scène que nul ne pouvait imaginer. Ce jour-là, 1 400 Israéliens, des vieillards, des jeunes, des femmes, des femmes enceintes, des enfants, des bébés, ont été délibérément tués, sauvagement assassinés. Les témoignages qui arrivent chaque jour de ce massacre à l'encontre de civils israéliens soulèvent le cœur. Nous pensions le XXIe siècle débarrassé des horreurs du siècle dernier. Hélas, il s'écrit encore avec le sang d'innocents. Hélas, des hommes sont encore capables du pire. L'humanité n'a rien retenu de son passé.

À cette barbarie, le gouvernement d'Israël répond par un déluge de feu, par un blocus total, par une punition collective qui s'abat sur les 2,5 millions de civils gazaouis, sur les écoles, les centres de santé, sur les personnels de l'ONU et des ONG, mais aussi sur les otages retenus, dont nos compatriotes. C'est la démesure dans l'horreur. À la haine du Hamas, organisation islamiste terroriste, répond la haine d'un gouvernement israélien d'extrême droite.

La haine, toujours la haine. Je pense en cet instant avec émotion à la barbarie de la seconde guerre mondiale, à notre histoire nationale, à nos aïeuls qui se sont engagés dans la Résistance contre l'occupant nazi sans jamais s'en prendre à des civils, aux vingt-sept otages de Châteaubriant, fusillés le 22 octobre 1941. Parmi eux se trouvait le jeune Guy Môquet, âgé de 17 ans, à qui nous avons rendu hommage hier après-midi et qui avait écrit : « Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les vingt-sept qui allons mourir ! »

Être digne d'eux et de notre histoire, c'est être présent aujourd'hui pour apporter toute notre solidarité au peuple israélien, meurtri dans sa chair ; c'est être aux côtés des trente familles de nos compatriotes tués ; c'est tout faire pour exiger la libération des otages retenus actuellement à Gaza. Être digne d'eux, c'est aussi avoir les mêmes larmes, la même émotion, la même colère face aux 4 400 civils palestiniens tués – dont 1 800 enfants, des vieillards, des jeunes, des femmes, parfois enceintes, des bébés –, tous morts sous les bombardements aveugles de l'armée israélienne.

Nous ne pouvons pas avoir d'indignation sélective. Notre émotion et notre colère doivent être les mêmes pour chaque enfant qui meurt aujourd'hui en Israël ou en Palestine. Chacun a besoin de sécurité, d'eau, d'électricité, de soins, d'école.

C'est pourquoi nous demandons que la France appelle à un cessez-le-feu immédiat et condamne sans réserve l'opération qui a cours dans la bande de Gaza, où plus de 2 millions de civils palestiniens sont pris au piège avec les otages israéliens, où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes, où des bâtiments civils, comme ceux de l'ONU, sont détruits, ainsi que 20 000 logements, et où vingt-neuf membres des personnels de l'ONU figurent parmi les victimes.

Le droit à la légitime défense du gouvernement d'Israël n'autorise pas les crimes de guerre. Face à ces morts, à ces images insoutenables qui arrivent en France, la haine passe les frontières et s'invite dans notre pays. Les prémices des pires affrontements sont déjà visibles sur notre sol national ; ne les laissons pas s'installer. Nul ne doit être stigmatisé, insulté ou menacé, qu'il soit juif, arabe ou musulman. Le racisme et l'antisémitisme n'ont pas leur place dans notre pays, et les propos faisant l'apologie du terrorisme encore moins.

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