Monsieur le ministre de la fonction publique, après une revalorisation de 3,5 % du point d'indice l'an passé quand l'inflation a atteint presque le double, le Gouvernement annonce désormais une hausse de 1,5 % quand l'inflation sur l'année dépasse le triple… À ce rythme, faudra-t-il tabler sur une hausse négative du point d'indice l'année prochaine ? Depuis tant d'années, on demande aux agents du service public d'accepter sans broncher coupes budgétaires, réductions d'effectifs et modération salariale au point qu'ils ont perdu 20 % de pouvoir d'achat en vingt ans ! J'ai bien dit 20 % ! Une perte de pouvoir d'achat accompagnée d'une dégradation de leurs conditions de travail, résultat de la logique comptable que vous appliquez et qui produit pour les fonctionnaires une immense perte de sens et pour les usagers tant de problèmes d'accès à des services publics de qualité.
Les agents du service public résistent, depuis vingt ans, contre la logique austéritaire, mais vous les avez usés jusqu'à la corde ! Aujourd'hui, la fonction publique est désertée ! Non content de les faire travailler deux ans de plus malgré la pénibilité de leur tâche, vous faites perdurer par cette hausse ridicule le sentiment que le service public n'est pas la solution. Quoi ? Notre société n'aurait pas les moyens de rémunérer correctement les femmes et les hommes qui éduquent nos enfants, qui soignent nos parents, qui gèrent nos forêts ou qui nettoient nos rues, ceux qui ont neutralisé l'agresseur d'Annecy ou qui ont porté secours à ses victimes ? On ne pourrait les rémunérer correctement ? Ce n'est pas vrai ! Vous pourriez le faire si le service public avait une valeur à vos yeux. Vous allez certainement me répondre « primes » et autres « pactes », mais le service public a besoin qu'on croie en lui, qu'on réinvestisse pour lui dans la durée. Toutes ces primes, tous ces pactes seront rayés d'un trait de plume lorsque vous voudrez faire de nouvelles économies, et votre trajectoire des finances publiques nous porte à croire qu'il n'y aura pas long à attendre !