La parité dans la défense constitue un défi majeur – je rends d'ailleurs hommage à Florence Parly, qui fut la première ministre des armées à s'y atteler. La difficulté tient au fait que pour devenir général, il faut avoir été sous-lieutenant, lieutenant, capitaine, commandant, lieutenant-colonel et colonel. Ce n'est pas le cas dans les autres fonctions, où le tour extérieur a permis de féminiser certains corps et de créer plus rapidement des conditions d'égalité entre les hommes et les femmes. Personne ne propose raisonnablement de déroger à ce principe dans l'armée. Nous avons eu ce débat en commission : le métier des armes correspond à un cursus propre aux armées, que personne n'entend remettre en cause.
Le cœur du problème réside dans la féminisation du vivier initial, que ce soit à l'École de l'air et de l'espace de Salon-de-Provence, à l'Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan pour l'armée de terre, ou encore à l'École navale – voire à l'École polytechnique, pour l'entrée à la DGA. Il faut accroître la proportion de femmes parmi les aspirants puis parmi les sous-lieutenants, sans quoi elle restera trop faible parmi les capitaines de vaisseau et les colonels, et par conséquent parmi les généraux.
La deuxième difficulté, au sujet de laquelle j'ai demandé une analyse précise, réside dans le fait que de nombreuses femmes promues générale de brigade, contre-amirale ou générale de division ont quitté les armées avant la date de liquidation de leur pension. Ce phénomène s'est imposé à notre attention depuis quatre ans ; nous ne saurions le balayer d'un revers de main. J'ai donc chargé une générale d'entrer en contact avec les concernées, sans faire une publicité particulière à sa mission jusqu'à aujourd'hui, il m'a semblé évident de recueillir auprès d'elles les raisons de leur choix.
Ces départs risquent d'ailleurs de mener à une diminution du nombre de femmes occupant les plus hautes fonctions militaires – car pour féminiser ces postes, il faut non seulement que des femmes soient promues, mais également qu'elles restent dans l'armée. Pour poursuivre notre effort de féminisation, il est impératif de se pencher sur ce phénomène récent.
L'amendement nous renvoie au débat de la semaine dernière au sujet du vivier initial, qui concerne aussi les candidats aux diplômes d'état-major et à l'École de guerre. Sachez par ailleurs que j'ai eu l'occasion d'expliquer à Mme Chatelain et à M. Bayou notre politique en la matière.
Je vous demande de retirer l'amendement pour les raisons que je viens d'exposer, mais il ne fait aucun doute que l'égalité professionnelle au sein des armées reste un axe majeur pour l'avenir.