Intervention de Inaki Echaniz

Séance en hémicycle du mercredi 29 mars 2023 à 15h00
Protection des logements contre l'occupation illicite — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaInaki Echaniz :

…il ne faut pas perdre de vue que les cas médiatiques qui ont entraîné le dépôt de votre proposition de loi masquent des enjeux plus larges, liés à l'hyperconcentration de la propriété et à l'ampleur du mal-logement. Pas moins de 14,8 millions de personnes sont touchées par le mal-logement en France en 2023. Si elles sont moins médiatiques, ces situations n'en sont pas moins dignes d'intérêt, puisqu'avoir un logement est un facteur déterminant d'insertion et de sortie de la pauvreté.

Pourtant, ce sujet est quasiment invisible dans les politiques menées par la majorité depuis plusieurs mois. La Fondation Abbé Pierre a d'ailleurs dénoncé un décalage inquiétant avec la réalité. Il est de notre responsabilité d'accorder au logement la place qu'il mérite dans le débat public en lui dédiant des textes législatifs ambitieux, qui répondent à l'urgence – et ce n'est pas de libérer des logements pour qu'ils deviennent vacants ou de criminaliser la misère sociale.

L'urgence est partout. Bien sûr, je ne peux m'empêcher de penser à mon territoire touristique, où le prix des habitations est si élevé et le nombre de meublés en location longue si bas que les habitants en sont chassés. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et plus récemment, l'Inspection générale des finances (IGF) alertent sur la nécessité de supprimer les niches fiscales incitant à la location de courte durée. Il est également nécessaire de renforcer les outils des maires pour lutter contre des pratiques illégales connues, comme le détournement du bail mobilité ou du congé pour vente, des abus fréquents en zone tendue. J'espère de tout mon cœur qu'un texte sur ce sujet sera discuté avant l'été.

Mais, plus largement, je pense à l'état de notre parc social et au manque de logements sociaux, pour lesquels la demande est chaque année plus importante. Fin 2020, plus de 2 millions de dossiers étaient en cours d'instruction, et de nombreux ayants droit, découragés, ne réalisent même plus les démarches pour obtenir un logement social.

Je pense également au faible nombre de places d'hébergement d'urgence, alors que depuis 2001, le nombre de SDF a triplé et le nombre de femmes vivant dans la rue alors qu'elles sont enceintes ou ont des enfants en bas âge ne cesse de croître. En France, en 2023, il existe dix fois plus de logements vides que de SDF : faisons marcher notre bon sens !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion