L'amendement écrit par le Gouvernement, et proposé par des députés de sa majorité, présente au moins le mérite d'éclairer l'index seniors et de lui donner un peu de contenu. À y regarder de plus près, toutefois, cet index est risible – il le serait en tout cas si le sujet n'était pas si sérieux. La méthode que vous proposez est la suivante : en l'absence d'amélioration de l'emploi des seniors dans une entreprise, l'employeur doit ouvrir des négociations ; si ces négociations n'aboutissent pas, il peut éventuellement être sanctionné. On croit entendre un fameux sketch : si vous commettez une faute, vous avez un avertissement ; au bout de dix avertissements, vous recevez un blâme ; et au bout de dix blâmes, vous avez éventuellement une sanction. Cela n'avancera jamais. Malheureusement, la politique d'emploi liée à l'index seniors aura le même effet que celle qui se fonde sur l'index d'égalité salariale entre les femmes et les hommes : elle ne progressera pas.
Pour protéger l'emploi, en particulier celui des seniors, il faut avant tout poser un garrot sur l'hémorragie d'emplois dans les entreprises, notamment industrielles. Certaines continuent de délocaliser à l'étranger ! Et il manque tant d'emplois dans les services publics ! Si nous nous soucions vraiment de l'emploi des seniors, réindustrialisons la France, embauchons dans les services publics et allégeons les factures énergétiques des entreprises quand elles sont trop lourdes. Voilà la véritable politique qu'il faut mener pour sauver les emplois et préserver ceux des seniors.