Intervention de Emmanuel Macron

Séance en hémicycle du 13 janvier 2016 à 21h30
Débat sur la sidérurgie et la métallurgie françaises et européennes — Débat

Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique :

Parmi les vingt-six propositions du rapport Grellier, beaucoup tendent à maintenir les sites de production d’aluminium primaire ou les capacités de recherche et développement dans la filière. Mon prédécesseur et moi-même avons pris des mesures en ce sens.

S’agissant de la politique douanière à l’égard de la Chine ou des contreparties, vous aurez compris dans quelle perspective nous nous inscrivons. Nous devons nous garder sur ce point de toute naïveté ou de toute tentation de transiger. La pratique des groupes chinois est aujourd’hui extrêmement agressive et nous devons prendre, éventuellement de manière transitoire, toutes les mesures qui permettront de bloquer les produits qui font l’objet d’une pratique de dumping. Les groupes français ont d’ailleurs un devoir d’alerte en la matière, comme tous les groupes européens. Sur ce point, le consensus est très fort avec mes collègues italien et allemand. Nous ne sommes pas dans une logique à court terme de contrepartie avec les groupes chinois, mais dans une logique de lutte anti-dumping très claire, massive et directe. Ensuite, nous pourrons nous inscrire dans une perspective plus « gagnante-gagnante », mais pour le moment, elle n’est que perdante pour nous.

Pour ce qui est de la structuration de la filière, un comité stratégique de filière industrielle extractive et de première transformation regroupe les acteurs de la production et de la transformation des métaux. Un contrat de filière a été validé en juin 2014, et ses priorités sont très claires : l’approvisionnement en matières premières, l’économie circulaire, l’énergie et le climat, la recherche et développement, les compétences, et le soutien à la demande en acier, via une série d’initiatives.

Je le réunirai dans les toutes prochaines semaines sur ce volet, et je proposerai, au-delà de l’association classique que nous avions décidée avec la commission des affaires économiques, une association plus particulière des élus, afin d’accélérer les bonnes pratiques, puisque les donneurs d’ordres peuvent aider certains sites à passer le cap, ce qui est complémentaire de la pratique de diversification que j’évoquais. C’est dans ce contexte que l’on peut réussir à construire un vrai consensus productif. Il faut être clair. Les groupes dont nous parlons se trouvent dans des situations de fortune diverses. Arcelor et Vallourec sont ainsi très différents, mais ils se retrouvent tout de même tous deux dans des positions très fragiles compte tenu de la tension mondiale. Il ne faut pas penser une seule seconde qu’ils puissent financer à satiété des mesures d’accompagnement dans le contexte actuel.

Néanmoins, nous avons besoin de caler une stratégie de filière avec eux, pour que leurs donneurs d’ordre, parfois en meilleure santé, l’ensemble de leurs sous-traitants, éminemment dépendants et parfois encore plus fragiles, puissent travailler avec eux, pour que les collectivités territoriales concernées puissent mener, puisqu’il existe des bassins d’emplois et de consommation, une pratique productive à leurs côtés qui assure la pérennité de ces sites. L’axe économie circulaire est important à cet égard, car il permet d’obtenir dans certains bassins une production de plus grande valeur ajoutée. Collectivement, nous devons envisager les solutions actionnariales qui permettent d’accompagner cette transition. Nous devons étudier tous ces aspects dans le cadre du contrat de filière.

Quant au CICE, je pense qu’il faut rendre transparentes toutes les aides qui ont été perçues, comme les mesures en faveur des électro-intensifs et des gazo-intensifs. En l’espèce, compte tenu des difficultés financières que rencontrent ces groupes et des dettes qu’ils ont contractées, ce ne sont pas des licenciements de complaisance ou des restructurations d’optimisation qu’ils conduisent. Ils souffrent de stress financier et stratégique. Nous devons au contraire rendre transparentes l’ensemble des aides touchées, pour disposer d’un levier supplémentaire dans le cadre du contrat de filière et des discussions entreprise par entreprise. Ce serait une méthode plus efficace.

Je rappelle au passage que le centre de recherche et développement de Maizières-lès-Metz, que vous citiez, a perçu 15 millions d’euros de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’ADEME, sur un total de 32 millions d’aides, ce qui témoigne de l’engagement des dix-huit derniers mois en la matière.

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