Intervention de Alain Marc

Séance en hémicycle du 22 janvier 2014 à 21h30
Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Marc :

Nous débattons ce soir de la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. L’opposition de ceux qui, sur ce sujet, ont des idées préconçues, est étonnante. Elle me fait parfois penser à ces débats du XIXe siècle sur la vitesse des trains qui aurait altéré la santé des voyageurs. De même, l’unité de la République pourrait, nous dit-on, craindre de la reconnaissance des langues régionales ! La confusion entre l’unité de la République et l’unité linguistique est un grand classique.

Que les choses soient claires : il n’est pas question pour moi de contester la primauté de la langue française, merveilleuse, qui a pétri des générations de consciences et dans laquelle nous nous reconnaissons tous. Cependant, nous ne saurions nier ce qui fait la valeur de nos territoires et leur histoire. Ces langues font partie du patrimoine immatériel de la France et de l’humanité.

Nous, Français, qui sommes si prompts à défendre la diversité culturelle à l’extérieur de nos frontières, serions à ce point frileux voire hostiles sur ce sujet ? Avouez qu’il y a là un paradoxe, d’autant que le nombre de locuteurs des langues régionales et celui des personnes qui en ont une compréhension minimale baissent. Laisserions-nous donc mourir la langue que parlaient les comtes de Toulouse et Richard Coeur de Lion, je veux parler de l’occitan, et toutes les autres langues régionales que nous devons aussi défendre ?

Les expériences éducatives conduites ici et là dans des écoles associatives, mais aussi les sections bilingues de l’enseignement public – cela vient d’être dit – démontrent l’intérêt pédagogique de ce type d’enseignement. Les résultats sont là, probants et étayés par les conclusions de Claude Hagège, le célèbre linguiste.

Sur le plan politique, nous ne sommes pas dupes : ce texte aura du mal à parvenir au terme de la procédure, comme l’a expliqué M. Geoffroy. Vous avez d’ailleurs bien dit que mardi prochain, lors du vote, nous allions « nous compter ». Malgré cela, je suis favorable à cette ratification.

Permettez-moi de conclure par une citation en occitan : « La fe sens òbras mòrta es » – « sans oeuvres, la foi est morte ».

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