Intervention de Francis Hillmeyer

Séance en hémicycle du 9 juillet 2013 à 21h45
Instauration du 27 mai comme journée nationale de la résistance — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancis Hillmeyer :

Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la rapporteure, madame la présidente de la commission, mes chers collègues, il y a dans la vie publique des moments de rencontre qui signent un constat partagé, un lien de civilisation et de culture indubitable, une aspiration unanime à des valeurs à la fois supérieures et présentes intimement en chacun de nous. C'est une sorte de partage des eaux entre l'éphémère et le nécessaire, comme l'écrivait Jacques Ellul.

C'est la démonstration que viennent de faire nos collègues du Sénat, en adoptant cette proposition de loi à la quasi-unanimité, laquelle n'est pas sans évoquer cette réunion constitutive du Conseil national de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin, le 27 mai 1943.

C'est, j'espère, ce que notre assemblée fera à son tour. C'est mon voeu personnel, et celui de l'ensemble de mes collègues du groupe UDI.

Le 27 mai 1943, Jean Moulin réunissait pour la première fois le Conseil national de la Résistance. Voilà au moins vingt ans que nombre d'associations d'anciens combattants attendent l'hommage de la nation au combat et aux sacrifices des résistants, en célébrant cette date si particulière.

Que dit cet événement ? Il parle d'une volonté d'indépendance farouche, d'intransigeance généreuse, et du refus des fatalismes. Il parle de la réinvention d'un monde qui semblait anéanti, parce que, comme le disait Stéphane Hessel, « résister, c'est créer et créer, c'est résister ».

Le 27 mai parle bien sûr de la haute figure emblématique et rayonnante de Jean Moulin, et, à travers lui, de celle des grands chefs de mouvements et de réseaux qui incarnaient une ville et un village après l'autre.

Il parle de la Résistance intérieure, de ces femmes et de ces hommes que l'occupant appelait « terroristes » et qui illustrent si parfaitement cette belle phrase de Jean-Pierre Vernant : « L'Homme est, en dedans de lui-même, le lieu d'une histoire ». Résister alors à la barbarie extérieure, c'était aussi résister à la barbarie qui sourd en chacun d'entre nous.

Il parle de ceux qui, dans cette période tragique, avec la mort qui rôde partout, dans cette période de barbarie, de terreur, d'incertitude et d'angoisse, n'ont jamais éteint la flamme de l'espoir et n'ont pas résisté à l'élan vital d'une nation, soulevée par l'effort de guerre pour elle-même et pour chacun des siens, moins de trois ans après l'appel du 18 juin.

Il parle d'une mission impossible qui permit de réunir toutes les composantes de la Résistance intérieure : huit mouvements de résistance ; six partis politiques résistants ; deux centrales syndicales clandestines ; les internationalistes qui découvraient la patrie et les nationalistes qui abandonnaient racisme et antisémitisme.

Il parle d'une convergence des volontés et des courages, malgré les conflits – de personnes et d'idées –, les armes pour les uns détournées par les autres, les traîtrises d'agents retournés par la Gestapo, les violences inutiles, les vilenies.

Il parle encore de tous les Français venus de ce que l'on appelait alors nos colonies, et de toutes les forces de libération alliées, auxquelles il fallait tracer la voie. Cette voie, ce fut, pour un trop grand nombre d'entre eux, celle de la mort pour la liberté d'un continent, pourtant si éloigné de leur vie, de leur quotidien, de leurs familles. Mais c'était la voie du monde libre.

Il parle du retour de la République, de cette grande fraternité républicaine qui avait alors un sens évident : c'était celui de la liberté. D'un coup, cette liberté, c'était aussi la puissance. D'un seul coup, la soumission n'était plus celle de la France, mais celle du peuple allemand, qui avait abdiqué toute volonté et toute réflexion personnelle, voire toute humanité, au destin collectif d'une nation. Cette République de la Résistance, c'était le combat pour la justice, l'honneur, la vérité et la liberté fondée sur la solidarité de tous.

Ce 27 mai 1943 parle, enfin, d'un pays renaissant et d'un pacte national rénové sur la base d'un programme national, qui permettra de profondes transformations économiques, sociales et politiques. Ces fondations appellent aujourd'hui, de notre part, le même travail en profondeur que celui de nos pères, après un cycle exceptionnel qui a longtemps traduit dans les faits, pour chacun de nos concitoyens, le triptyque républicain : liberté, égalité, fraternité.

Mes chers collègues, au nom de cette vision de la France, le groupe UDI votera cette proposition de loi.

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