Intervention de François Jolivet

Séance en hémicycle du mardi 4 avril 2023 à 15h00
Errements de parcoursup et difficultés de l'enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Jolivet :

Mes questions porteront sur les métiers de la santé, et je vais commencer par rebondir sur les réponses que vous avez données à ce sujet à mes collègues Thibault Bazin et Laurent Croizier. Vous jouez un rôle éminent, madame la ministre, dans le développement des Ifsi, mais aussi en ce qui concerne la formation des médecins, puisque c'est votre ministère qui produit, si j'ose dire, les personnes qui seront amenées à travailler dans le domaine médical, et il le fait au service d'un autre ministère utilisateur qui est le ministère de la santé. Je m'étonne d'ailleurs – c'est ma marotte – que cette partie de vos fonctions ne soit pas transférée au ministère utilisateur, comme c'est le cas pour le ministère de l'agriculture, qui depuis 1946 supervise tout l'enseignement agricole – à l'époque, on avait dit au ministre concerné qu'il devait sortir la France des tickets de rationnement, et il y était parvenu.

En réalité, deux doctrines s'affrontent. L'une dit qu'il est impossible d'introduire des critères territoriaux parce que la loi l'interdit, ce qui me conduit à vous poser une première question : qu'attend-on pour changer la loi ? Une candidate infirmière qui habite dans mon département de l'Indre peut être prise à Bordeaux si elle a déposé un vœu en ce sens sur Parcoursup, et inversement ; et si elle va à Bordeaux, elle ne reviendra plus jamais dans l'Indre. En revanche, une candidate qui vivait à Bordeaux et va poursuivre ses études dans l'Indre aura tendance à abandonner, c'est en tout cas ce que constatent les professeurs intervenant dans les Ifsi.

Par ailleurs, le ministère de l'enseignement supérieur, lorsqu'il applique les demandes du directeur de l'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire, dit que si l'on veut installer des médecins sur le territoire, il va falloir y créer un CHU – centre hospitalier universitaire – supplémentaire, et donc ajouter une université, ou du moins une antenne universitaire de médecine, à Orléans – c'est très concret ! En effet, toujours selon cette même doctrine, plus on aura de médecins formés en région Centre-Val de Loire, plus il y aura de médecins installés dans cette même région. Mais voilà que l'on propose aux régions de former des infirmières dont on n'est pas certain qu'elles y resteront ! Cela provoque une inquiétude chez les professionnels concernés, alors que nous n'avons jusqu'à présent jamais connu de pénurie d'infirmières.

Je souhaite donc vous entendre sur ces deux points. D'abord, quand est-ce qu'on change la loi, si c'est nécessaire ? Et si ça ne l'est pas, quand donnerez-vous des instructions aux directeurs d'Ifsi pour qu'ils privilégient le recrutement des Berrichons pour l'Indre, des Loirétains pour le Loiret et des Tourangeaux pour l'Indre-et-Loire ?

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